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382 les approvisionnements plus réguliers et plus prompts. La marchandise voyage sans avoir presque à redouter de relard ou de dommage ; des produits, jusqu'alors sans valeur, faute d'avoir pu se diriger sur les lieux de consommation, trouvent un écoulement inespéré qui augmente la richesse nationale. La demande plus promptement et mieux servie devient plus empressée et plus fréquente; la consommation, enfin, grandit et se développe. Tels sont les heureux résultats que produisent en faveur d'un pays les chemins de fer et les canaux. Il faut espérer que bientôt noire France sera, enfin, mise en position d'en éprouver les effets. Cependant, il serait utile aussi de compléter cette amélio- ration matérielle par des améliorations morales, capables de préparer un entier succès à nos industries. Il ne suffit pas, en effet, de favoriser la production pour en assurer la vente, il faut aussi que les producteurs soient gui- dés par des principes de moralité et par une organisation so- lide et sage qui puissent inspirer une entière confiance aux consommateurs. Le système du laissez faire a trop prédominé peut-être jus- qu'à ce moment dans l'organisation de nos industries. On avait éprouvé les entraves dangereuses des corporations et des maîtrises ; on crut bien faire de passer d'un extrême à l'au* tre. On laissa tout libre, sans réfléchir que, si la servitude a toujours de funestes conséquences, la liberté peut dégénérer quelquefois en licence et devenir dangereuse aussi. A Dieu ne plaise que j'aie même la pensée de manifester un regret sur les maîtrises et autres entraves des anciens temps si justement abolies; mais de ce qu'on a été en prison faut-il crier anathême contre tout édifice et rester à courir à travers champs, à l'aventure et sans guide ; et ne convien- drait-il pas, après avoirdémoli ce qui était mal, de reconstruire ce qui serait mieux ? Si l'on jette un regard scrutateur sur ce qui se passe chaque jour en France, on a lieu de s'éton-