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l'épopée de Rome, il fallait tracer des peintures guerrières,
et invoquer la muse des batailles ; dès le commencement, il
avait mis son Å“uvre sous la protection des armes :
        Arma virumque cano

Après avoir fourni la moitié de sa course, sans tenir les
promesses de ce début, il se ravise enfin .-
                            Dicam horrida bella
         Dicam aciesactosque animis in funera reges,
         Tyrrhenamque manum, tolamque sub arma coactam
         Hesperiam. Major rerum mihi nascilur ordo;
         Majus opus moveo (1).

Qui pouvait faire croire à Virgile que, comme il l'annonce
dans ces vers, la seconde partie de son poème était en effet
la plus importante? Sans doute M. de Chateaubriand a dit
avec raison : «Les sixderniers livres de l'Enéide contiennent
peut-être des beautés plus originales, plus appartenant en
propre au génie de Virgile que les six autres Ils ont une foule
de mots tendres, de pensées rêveuses, qu'on chercherait
envain dans ceux-ci. » Mais la mélancolie de ces beaux épi-
sodes de Nisus et d'Euryale, de Pallas, de Lausus, l'éclat
de celui de Camille, l'artifice délicat et brillant de la versi-
fication pourraient-ils faire entièrement oublier les défauts
de l'action?
   Dans cette dernière partie de l'épopée, Virgile se sentait,
je pense, soutenu par un charme plus sûr que celui jdes
chastes tristesses de son génie. C'était par Rome même qu'il
comptait y attacher les Romains. En effet, il y a annoncé
les destinées de la ville éternelle par tous les moyens ima-
ginables, par le dénombrement des races Italiennes qu'elle
soumit plus tard, par le contraste de la simplicité des com-

  f1) Mneis. lib. VII.