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ensuite par les opinions des philosophes que les jeunes Ro-
mains allaient déjà étudier à Athènes. Le jour même où
Virgile prit la robe virile à Milan, Lucrèce mourut, qui,
dans son poème, avail raillé, avec l'ironie d'un moderne,
l'intervention des Dieux dans les choses de ce monde :

            Neve aliqua divûm volvi ratione putemus.
                                           *   •   •   •


            Nequaquam nobis divinitus esse paralam
            Naturam rerum (1)


 Cette philosophie d'Epicure qui plaçait dans les sens toute
 l'autorité scientifique, toute la règle morale, convenait par-
 faitement aux esprits lourds et positifs des Romains, elle sem-
blait leur apporter à la fois une consécration et un raffinement
 nécessaires; cependant elle ne satisfaisait point entièrement
 leur naturel qui les entraînait vers des croyances plus pe-
 santes encore et à la fois plus fougueuses. Le paganisme
 chancelant cherchait à se recruter, en Egypte et en Asie, où
la matière avait été divinisée sous mille formes splendides.
La cupidité et la débauche avaient été intronisées dans Rome
avec tous ces dieux venus d'Orient ; la subtilité des vaines
discussions, autre peste plus dangereuse , y avait été appor-
tée par les déclamateurs de la Grèce, cette progéniture inex-
tinguible des sophistes. La dissolution s'attaquait ainsi, à la
fois, au corps, à l'ame, à l'esprit; la grandeur romaine tom-
bait en putréfaction au comble même de sa puissance. Les
temps étaient consommés ; le Christianisme était devenu né-
cessaire pour fermer l'ulcère du monde, il allait paraître;
mais loin de l'attendre dans les prières, Rome noyait tout res-
pect, toute croyance dans ses inquiètes saturnales; et c'était
dans la troupe des pourceaux d'Epicure que se pressaient et

  (1) De natura, lib. V.