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Fitiques de la ville éternelle, leur ont fait, parmi nous, des
ennemis irréconciliables. S'il était vrai que le génie des poètes
latins ne se distinguât point de celui des écrivains de la Grèce,
et ne le dépassât môme par quelque côté, il faudrait croire
que la puissance politique d'un état et l'enthousiasme qu'elle
excite chez le peuple, loin d'être des causes de splendeur
littéraire, ne servent, au contraire, qu'à abaisser les senti-
ments et les idées dont les arts sont l'expression.
   Sous la protection des noms les plus illustres et des plus
graves autorités, l'opinion s'est répandue qu'Horace n'était
que le vil flatteur des instincts les plus bas de l'ame humaine;
et, comme il s'appelle lui-même en jouant,
                          . . . . Epicuri de gregeporoum(l),

on s'est hâté de dire qu'il avait dépensé tout son génie à tra-
duire dans la langue de Rome ce que la littérature grecque
avait produit de plus lâche et de plus sensuel au temps de sa
décadence. Cependant croit-on que, môme dans un moment
d'ivresse, il eut osé promettre l'éternité à son petit volume,
                                monumentum Å“re perennius(2).

s'il n'y avait déposé que des sentiments efféminés et désho-
norants. Ce n'est pas seulement l'harmonie concise de son
yers qu'Horace emprunta au mode éolien de Sapho,
                  /Eoliis fidibus querentem
                  Sappho (3),

et au ton mâle et sublime du vieux Alcée,
                Et te sonantem plenius aureo,
                   Alcaee, plectro dura navis,
                 Dura fugœ, mala dura belli (4) '.

 (1) Epist. IV, lib. I:
 (2) Od. XXX, lib. III.
 (3) Od. XIII, lib. II.
 (4) Ibid.