page suivante »
272 Alors, et tout aussitôt, il rêva cette union anticipée, moins en Yillaume, moins en agent d'affaires, qni ne rêve certai- nes alliances conjugales que pour les beaux présents de noces que ces alliances rapportent, qu'en bon et utile citoyen. Il est heureux que M. Henry Berthoud ne se soit pas déjà emparé de Zacharie, comme il s'est emparé de Jacquard, pour le dessiner à sa manière. Probablement, il nous l'aurait déjà représenté assis sur le sommet du Pilât, ayant à ses pieds le Rhône et la Loire et combinant cette gigantesque union. Ainsi que d'autres biographes n'ont pas manqué de nous peindre Eiquet sur la Montagne-Noire, creusant dans sa tête les cinquante-quatre lieues du canal de Languedoc (1). Le fait est que, si l'on veut donner quelque hardiesse à la pensée humaine, il ne faut pas se lasser de porter ses médi- tations au sommet des hautes montagnes. L'immense horizon qui devant vous se déploie met à votre portée tout ce que la nature a de plus grand, de plus vaste. C'est l'inverse du microscope solaire. A la cime des Alpes on rêve facilement la conquête de l'Italie. Napoléon au sommet de la colonne Vendôme exprime l'idée que nous cherchons à faire comprendre, par la facile domination que ce héros a exercée et par son leste maniement de la force publique. Les autres monts que vous dominez ne sont que des aspé- rités onduleuses et légères que vous remuez presque à vo- lonté. Lesfleuvesvous font l'effet de petites lames blanches, qu'il vous est facile de resserrer, d'étendre, de courber, et de sou- der les unes aux autres. Ainsi s'offrit, à coup sûr, à l'horloger lyonnais la soudure de la Loire au Rhône. (1) Louis de Tourreil.