page suivante »
256 De l'empire de Flore : elle a tout, la beauté, La grâce, les parfums, et l'amant enchanté Croit, en la respirant, qu'une bouche merveille Sous ses lèvres a palpité ; Qu'une voix embaumée à sa voix s'y réveille. Elle plaît au poète, aussi bien qu'à l'amant, Et sa courte durée est un enseignement ; Oui, la rose, tombant au matin, nous convie A cueillir au printemps les roses de la vie : Horace nous l'a dit. Pendant ce beau discours Le savant se taisait. Ces gens-là vont toujours Au dernier mot en toute chose. Or, celui-ci sondait, d'un regard curieux, Le calice mystérieux. Remontant hardiment de l'effet à la cause, Il se tourmente, il veut savoir Quelle main, quel secret pouvoir Peint de blancheur le lys, teint d'incarnat la rose. Il ne le trouvait point, et toujours plus avant Il fouillait en jetant les pétales au vent. Bientôt, cette rose si belle De débris joncha le chemin, Et le savant n'eut dans la main Qu'un tronçon de bois vert, qu'une épine cruelle... Et même il s'y piqua, si l'histoire est fidèle. Laissons quelques secrets entre le ciel et nous ; Et, sans vouloir donner raison de toutes choses, Cueillons, humbles de cœur, les biens comme les roses : C'est le plus court et le plus doux. Une erreur qui nous plaît, consolante chimère, Berce de rêves d'or notre vie éphémère, Tandis que, trop souvent, hélas, la vérité ÎSe vaut pas ce qu'elle a coûté. Auguste DESPORTES,