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De l'empire de Flore : elle a tout, la beauté,
La grâce, les parfums, et l'amant enchanté
Croit, en la respirant, qu'une bouche merveille
         Sous ses lèvres a palpité ;
Qu'une voix embaumée à sa voix s'y réveille.
Elle plaît au poète, aussi bien qu'à l'amant,
Et sa courte durée est un enseignement ;
Oui, la rose, tombant au matin, nous convie
A cueillir au printemps les roses de la vie :
Horace nous l'a dit. Pendant ce beau discours
Le savant se taisait. Ces gens-là vont toujours
         Au dernier mot en toute chose.
Or, celui-ci sondait, d'un regard curieux,
         Le calice mystérieux.
Remontant hardiment de l'effet à la cause,
         Il se tourmente, il veut savoir
         Quelle main, quel secret pouvoir
Peint de blancheur le lys, teint d'incarnat la rose.
Il ne le trouvait point, et toujours plus avant
Il fouillait en jetant les pétales au vent.
         Bientôt, cette rose si belle
         De débris joncha le chemin,
         Et le savant n'eut dans la main
Qu'un tronçon de bois vert, qu'une épine cruelle...
Et même il s'y piqua, si l'histoire est fidèle.

Laissons quelques secrets entre le ciel et nous ;
Et, sans vouloir donner raison de toutes choses,
Cueillons, humbles de cœur, les biens comme les roses :
        C'est le plus court et le plus doux.
Une erreur qui nous plaît, consolante chimère,
Berce de rêves d'or notre vie éphémère,
Tandis que, trop souvent, hélas, la vérité
       ÎSe vaut pas ce qu'elle a coûté.
                                   Auguste DESPORTES,