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    son clergé, je laisserai à juger la situation politique et reli-
    gieuse de l'Angleterre sous Elisabeth.
       Essayons maintenant d'apprécier l'état intellectuel de ce
   pays : là, comme partout ailleurs à la môme époque, l'in-
   telligence était sortie de son long engourdissement ; l'An-
   gleterre aussi avait participé à ce mouvement universel des
  esprits; c'était une immense ardeur de connaître, de savoir,
  et les rois eux-mêmes se faisaient honneur de placer leur
  nom à la tête d'un livre de controverse. Quand le protestan-
  tisme eut été établi, que les rois eurent, à leur insu, sans
  doute, ouvert libre carrière à toutes les opinions, ou, si
  l'on veut, à toutes les convictions religieuses, ce fut sur
  toute l'Europe un débordement soudain de libelles controver-
  sistes, de pamphlets mystiques, de livres théologiques, farcis
  d'un jargon que nous ne pourrions plus comprendre. C'était
 uae réhabilitation, comme on disait, de l'ancien Testament
 dont les textes défigurés, torturés, servaient à la démonstra-
 tion que recherchaient les auteurs : expliquons notre pensée.
 — Si Elisabeth épargne Marie, dit l'orateur Pickering, elle
 fera comme Saùl épargnant Agag, ou bien comme Achab
 épargnant Benhadad.— D'Essex s'excuse de n'avoir pas paru
 au Conseil sur l'exemple de David désobéissant à Saùl ! —
 Le ministre Cecil disait, quelques années auparavant, à ce
 même d'Essex : les hommes altérés de sang ne vivront que
la moitié de leurs jours ; ces paroles, comme on sait, sont
tirés textuellement de l'Ecriture. — A l'époque où la reine
paraissait donner quelque espoir à l'amour du duc d'Alençon,
Stubss comparait ce mariage à celui du diable avec Dieu.—
Quand Morton fut sur le pied de l'échafaud, « il tomba dans
des convulsions, signes du travail intérieur de l'esprit de
Dieu. » — Un imprimeur fut mis à mort pour avoir impri-
mé un livre où l'on conseillait aux filles d'honneur de la
reine d'imiter l'exemple de Judith tuant Holopherne.