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200 sique, de n'être pas à son piano plus tard que sept heures du soir. Tout est petit et mesquin, quand tout pourrait être grand et largement entendu. Ailleurs il ne manque que de l'argent, là il n'y a que de l'argent et que voulez-vous qu'on espère pour ce pays, puisqu'il éprouve une sorte d'orgueil de cette différence ! Il n'entre en aucune façon dans ma pensée de discuter les avantages ou les inconvénients de l'aristocratie, maisje ne puis m'empêcher de dire qu'à Saint-Etienne c'est un mot complètement inutile et une chose tout à fait inconnue. Par- tout ailleurs, on est sûr, quand on arrive, de rencontrer un petit faubourg Saint-Germain, une société choisie, dans la- quelle, avec de l'esprit et de bonnes manières on se retrouve dans son essence, bien reçu, bien accueilli, où rien ne pa- raît étrange, ni du langage, ni des formes de la bonne com- pagnie, où l'on n'a pas l'air de vous prendre pour un désœu- vré si votre visite n'a pas un but interressé ; ou l'on sait en- fin dépenser son savoir ou son esprit en conversation, et en plaisirs ce que l'on peut y consacrer d'argent. A Saint-Etienne si l'on lisait ce que j'écris, on m'enverrait aux petites mai- sons. Quand les hommes ont fini leurs affaires, fermé la boutique, ils vont dans les cafés boire et fumer. Leurs épou- ses et leurs demoiselles sont employées à la correspondance commerciale. On fait je ne sais combien de repas dans un jour. Le matin on mange la soupe dans un vase destiné spé- cialement à celte usage et qui s'appelle un bichon. On dîne à midi, on soupe. — Partout la civilisation se glisse. Si elle entraîne trop souvent après elle quelque corruption dans les masses, elle amène d'incontestables améliorations sous tous les rapports : la population de Saint-Etienne n'en est point encore aux améliorations. Chaque individu a pour soi- même l'esprit que tout à l'heure je disais appartenir à la commune. Dernièrement un des plusriches habitants, M. N...