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Aux oiseaux du désert qui sont tous tes amis ;
Aux forêts des vieux jours qu'effleure un vent paisible,
Où ton oreille s'ouvre aux voix de l'invisible ;
A la grande nature, à cette mer sans fond
Où ce fiel d'un instant s'abîme et se confond ;
Au berceau de l'amour qui lie entr'eux les êtres;
A toute chose où Dieu se manifeste ; — aux maîtres
Dont le doigt t'a montré le chemin du vrai beau;
A l'art pur et serein qui crée un ciel nouveau.
Pour que l'on boive une heure à ton vase d'argile
Puise aux flots qu'épanchaient Euripide et Virgile;
Erre autour de Williams, torrent au bord fleuri ;
Vois d'en bas s'éployer l'aile d'AIighieri ;
Vois les livres puissants du sculpteur et du peintre ;
Les reliefs du fronton et les fresques du cintre,
Phidias, Raphaël dont Dieu guida les mains ;
Rêve de marbres grecs et de tableaux romains,
De beaux fronts amoureux, d'Héloïses pudiques,
Cœurs chrétiens qui battraient sous des formes antiques !



Songe à ton œuvre aussi ; sculpte un vers trop confus,
Emonde tes rameaux aux jets gris et touffus,
Poursuis la couleur nette et la forme finie,
Va dorer ta statue au soleil d'Ionie ;
Apprends des maîtres Grecs les secrets du contour.
Sans fermer ton oreille aux maîtres de l'amour ;
Fais ton livre idéal, mais de style sévère,
Beau vase athénien, plein de fleurs du Calvaire !
Viens, Viens ; la muse encore a des bois ignorés,
Où l'on écoute et voit danser des chœurs sacrés;
Où tu peux, à l'abri de toute haine impure,