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   2. Mais nous ne saurions oublier que le besoin du commer»
ce doit rester l'objet spécial de ces leçons; et une semblable
pensée, Messieurs, n'a rien de décourageant pour nous.
En effet, le commerce n'est pas seulement le soutien né-
 cessaire du bien-être matériel des sociétés : il y faut aussi
reconnaître un des éléments de leur vie intellectuelle et
morale. Son action civilisatrice ne se borne pas à rappro-
cher tous les peuples de la terre, à leur faire échanger leurs
lumières en même temps que leurs trésors, à savoir assou-
 pir, dans une longue habitude de relations pacifiques, les
antipathies nationales et les instincts exterminateurs. Il fait
plus; il exerce la raison à la gymnastique savante du cal-
cul, l'habituant à tenir compte des temps et des lieux, à se
souvenir et à prévoir, à sortir ainsi de cette stupide jouis-
sance du présent qui est le propre de la barbarie : surtout
il met sans cesse les consciences en contact sur le terrain
du juste et de l'injuste, et les façonne par la distinction
souvent répétée du tien et du mien, au discernement plus
exact du bien et du mal. Les négociations de tout genre en-
gendrent des obligations mutuelles, des droits et des devoirs:
et si le commerce concourt aux premiers développements de
l'esprit humain en propageant la notion de ces deux rap-
ports, c'est aussi dans leur observation scrupuleuse qu'il
trouve son intérêt et sa dignité.
   Et d'abord, depuis le jour où le négociant a écrit son.
nom au pied d'un acte de société, jusqu'à celui où il signe
la quittance qui clôt une liquidation, que fait-il autre
chose que se procurer des créances, les échanger ensuite ,
les réaliser enfin; c'est-à-dire créer, transformer et résoudre
des droits ? Combinaisons difficiles, aventureuse alchimie
qui finira par réduire en or ou en cendres le labeur de
plusieurs années. Il importe donc souverainement de