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même du sujet, ne saurait avoir rien de commun avec les
solennités oratoires réservées à de plus brillants débuts.

                             I.

   1. La liberté politique, aussi bien que la liberté morale,
consiste, non pas dans l'absence, mais dans l'intelligence
de la loi. Si l'homme est libre, c'est qu'au lieu de subir,
à son insu, l'impulsion fatale d'une force extérieure, il
se détermine spontanément, à la lumière d'une loi qu'il
porte en lui-même, et qu'il nomme Conscience. Il en est
de même des peuples : esclaves, tant qu'ils sont livrés au
pouvoir absolu d'un souverain dont nul ne peut prévoir
ni fuir les orageux caprices; ils recouvrent leur juste in-
dépendance aussitôt que les volontés individuelles se trou-
vent éclairées sur les conséquences de leurs actes par une
législation connue de tous, et qui est, pour ainsi dire, la
conscience de la société. Aussi, dans tous les temps qui
ne furent point barbares, le droit revêtit un caractère pu-
blic pour acquérir une valeur obligatoire : la promulgation
dut être manifeste, et la rétroactivité interdite. Mais la
responsabilité des citoyens s'étendit dans la même mesure,
et l'on posa cet axiome sur lequel repose toute l'économie
de la justice sociale : « Nul n'est censé ignorer la loi. »
    Ainsi l'avaient compris les plus illustres nations de
l'antiquité. Tandis que les monarques de Suse et de Ba-
bylone s'enveloppaient d'un jaloux mystère au fond de
leurs palais, les livres de Moyse se lisaient une fois par an
sous le toit de chaque père de famille en Israël. Chaque
année le premier archonte d'Athènes affichait sous les por-
tiques de l'Agora les décrets qui devaient servir de règles
aux jugements. Le peuple romain livra df ongs assauts