Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                  146
 et sublime éloquence. Je contemple avec recueillement
 toutes ces pensées qui ont agité le monde ! Comme elles dor-
 ment là tranquilles, silencieuses. Mais elles n'attendent qu'un
 regard de mes yeux, qu'un mouvement de mon doigt, pour se
 ranimer, et venir, comme une merveilleuse fantasmagorie,
 s'élancer autour de moi, majestueuses, légères, sublimes *
 rieuses, terribles ; pensées rivales en apparence, mais toutes
 filles également 1 égitimes de la raison humaine, membres
 épars et incomplets , mais destinés sans doute à s'animer un
 jour sous le souffle d'un autre Ezéchiel, et à s'unir en un corps
 vivant et majestueux.
    Yoilà le monde où la rhétorique introduit, mais avec
la prudence d'une mère, les disciples confiés à ses soins ;
monde immortel où survit ce qu'il y a de plus grand dans
l'homme ; sublime concile des siècles, où tous les âges, arrêtés
 enfin dans leur course, se confondent, comme sous l'Å“il de
Dieu, dans un présent éternel.
    Ma tâche est accomplie ; j'ai essayé de montrer que la
rhétorique n'a d'autre but que de favoriser la croissance pro-
videntielle de l'ame; qu'à ce but concourent ses divers exer-
cices, et la composition, et les préceptes., et l'étude des grands
écrivains. Je n'ai point, comme on l'a fait souvent, séparé l'es-
prit du cœur, comme si le cœur et l'esprit étaient deux êtres à
part, dont l'un peut croître et l'autre languir. Non, une pareille
assertion estleblasphème de l'ignorance. Une admirable unité
règne dans l'ame humaine : pour développer toute sa taille,
pour se dresser de toute sa hauteur, le talent a besoin de la
noble fierté de la vertu.
    Avec quelle autorité la vertu s'empare d'un jeune cœur, lors-
que ses enseignements descendent à la fois, du sanctuaire évan-
gêlique, et des rayons d'unebibliothèque profane., et lorsqu'elle
leur parle, non seulement au nom d'une religion sainte, mai
sencore an nom de la conscience du genre humain; lorsque le
vrai, le beau, le juste, le saint apparaissent comme autant de
rayons du même foyer d'amour, comme autant de reflets de l'è-