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 sée avec soin dans sa mémoire. Au premier signe^ au moindre
 gestej il vous déplie avec complaisance toutes ses richesses,
il en sait au juste le compte, il les étale, les met dans tout leur
jour, les fait chatoyer coquettement sous vos yeux ; et quand
il vous les a bien montrées, quand vous avez admiré à loisir
ces nuances brillantes, ces jolis reflets de science, il replie le
 tout proprement, le serre dans son souvenir .- n'en demandez
 pas davantage ; dans les affaires, dans les circonstances ordi-
 naires de la vie, dans les relations de la société, sa raison ne
 sera ni plusforte^ ni plus souple, son goût ni plus vrai, ni plus
 délicat. Son savoir est une chose tout à fait extérieur à lui-
 m ê m e . 11 en est le trop fidèle dépositaire., il n'y touche que
 dans les grandes occasions , quand il y a exposition des
 produits de l'industrie enseignante. Vous vous souvenez,
 que quand Phidias fit la fameuse statue de Pallas en ivoire
 et en or, il eut soin d'appliquer ce métal précieux de telle
 sorte qu'on put le détacher à volonté, sans endommager
 l'image de la déesse : eh bien ! c'est à peu près ainsi que ce
 premier système applique le savoir ; vous pouvez le détacher
 l'enlever sans inconvénient : vous ne dégraderez pas la statue.
    L'autre système se contente du nom d'études classiques :
 l'éducation est son principal but : le développement de l'ame
 sa dernière fin. 11 se propose moins d'instruire l'élève que de
 le former; moins de l'amener à savoir que de l'habituer à pen-
 ser : il veut faire de la tête de l'enfant un instrument et non
 un entrepôt. Il sait que la nature suit une marche progressive
 dans l'épanouissement de nos facultés : il ne se propose que
 de l'aider dans son travail, d'environner le fruit naissant d'une
 tiède atmosphère, d'offrir des sucs généreux à ses racines.
 Dans ce système, l'intelligence grandit, elle ne se charge pas :
 elle s'étonne même quelquefois de sa pauvreté ; mais qu'elle
 se console : celte faim de science, c'est l'appétit de la santé :
 il n'y a qu'un esprit bien constitué qui l'éprouve. L'élève sort
 nu de la palestre. Qu'il prenne courage : l'athlète aussi est nu-,
 mais il a des bras, et dans ces bras la victoire.