Revue du Lyonnais » série 1 - n°11 ( 1840 ) » pp.114

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  toéille égarée, sauvage, séparée de l'essaim, il y avait par-
  tout butiné, et cherché, sans la trouver, la ruche destinée
  à recevoir le miel composé du suc de toutes les plantes
 plus amères que douces. Et c'est après toutes ces épreuves
 qu'à la fin notre pauvre hirondelle quitta les toits de la
 capitale, où, malgré tant d'insectes, elle allait infailli-
 blement mourir de besoin...
    De Loy passa de suite en Angleterre; il revint plus tard
 en Belgique, sans autre but que celui de répondre à cette
 impulsion désordonnée d'aller toujours. La boussole mar-
 quait le nord. Il céda lui aussi probablement au courant
 magnétique. Voir, c'est avoir) mais pour De Loy c'était
 vivre, c'était moins souffrir, et c'était aussi étudier, savoir.
 Car il voyageait toujours à pied, un livre dans sa poche, au-
 quel était joint le petit cahier de papier destiné à ces notes,
 étudiant avec le même soin les beautés de la nature, les
 merveilles des arts, le développement de l'industrie, les
 traditions populaires et les nuances politiques.
    Dans les villes qu'il parcourait il y avait toujours un bu-
 reau de journal où sans façon il prenait gîte. La littérature
 était sa providence, son ange conducteur. S'il y avait un
Athénée, il demandait à y donner quelques séances. La
feuille du lendemain contenait de ses vers, ou de sa
belle prose, et son talent, tout aussitôt, le faisait proclamer
hôte de la ville. En province, et partout ailleurs qu'à Paris,
les littérateurs se groupent, se recherchent, se tendent la
main. La classe des hommes d'études, qui ne font pas de
leurs productions marchandise est nombreuse, elle est
puissante, et il est rare que parmi eux un étranger de ta-
lent ne soit pas toujours le bien-venu. Et puis, il avait
le don de s'insinuer si vite et si bien dans l'esprit de ses
hôtes qu'il était impossible de ne pas le recevoir, et quand
on l'avait reçu de ne pas vouloir le garder. Sa modestie, son
désintéressement littéraire le garantissait des suscepti-
bilités de l'amour-propre d'autrui, des haines de rivalité.
Son savoir et son goût en faisaient un aristarque sûr, un