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pour ses cent cinquante francs un ou deux tableaux de mille
francs au moins! Qu'est-il donc arrivé? C'est qu'au renou-
vellement de la souscription, quatre ïents actionnaires mal-
heureux et découragés ont quitté la partie, et l'on n'est par-
venu à ramener la moitié des fuyards que par l'annonce d'un
Album Lyonnais, confié aux talents éprouvés de la Capitale
(style de prospectus qui ne manque jamais son effet). Mais
tous les trois ans, on aura à redouter de semblables défec-
tions. Les bases de la Société sont donc mauvaises, il faut
les changer.
   Aux chances d'une loterie, substituez un généreux mobile,
la création d'un musée local, remplacez l'amour du gain par
l'amour de l'art. Ne criez pas à l'impossible , tentez-le. Vous
amènerez peu à peu cette rénovation; les uns y viendront par
 sentiment, les autres par amour-propre. Et, n'eus-siez-vous
que la moitié de vos souscripteurs, vous arriverez encore à
de plus grands résultats artistiques.
    C'est toute une éducation à faire.... Commencez-la. Le
temps l'achèvera. En y réfléchissant un peu, quel souscrip-
teur intelligent ne consentirait à perdre, dans un but élevé,
toute l'éventualité d'un lot.
   Qu'est-ce, en effet, qu'une association qui repose sur une
loterie qui doit favoriser vingt, trente, soixante personnes
sur six eents ? C'est deTégoisme en actions...mais en actions
aussi chanceuses que bien d'autres, parle temps- qui court.
   Toute association doit satisfaire un intérêt général et non
l'intérêt de quelques-uns. Elle doit entreprendre ce que ne
peuvent accomplir des hommes isolés. Acheter de petit»
tableaux que la plus humble fortune peut se donner, ce n'est
pas là encourager l'art, c'est l'appauvrir au contraire, en pous-
sant l'artiste à une trop grande production ; c'est le plus sou-
vent favoriser la médiocrité qui se donne pour rien, et entre-
tenir dans une voie qui n'est pas la leur une foule de jeunes
gens sans talent et sans avenir. Ceux qu'il faut aider, ceux
qu'il faut protéger, ce sont ces artistes qui se vouent h des.