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vélation, car, si loin que l'on pousse les droits de la raison
humaine, toujours est-il qu'elle vient expirer ici, devant un
fait, un fait solennel et imposant. Les [hommes chrétiens,
les hommes catholiques pouvaient donc être mécontents de
M. Bouillier, qui s'est jeté dans un excès tout aussi injuste ,
tout aussi blâmable que celui de ces esprits craintifs ou ab-
solus, pour lesquels la révélation est tout. Oui, elle est tout,
dans un certain sens; mais encore, c'est par la raison qu'on
arrive à elle ; la raison est le fil conducteur qui nous mène a
ce grand jour de la vérité.
   Les catholiques toutefois ne doivent pas s'affliger de cet
hommage à la raison , car le christianisme ne la redoute
point. Nous comprenons, pourtant, que l'abus du mot et de
la chose les tienne en garde, car, on a tellement abusé de la
raison, et nos saturnales révolutionnaires lui ont décerné un
culte si hideux, qu'il est bien permis de ne pas prendre part
à ces dangereuses apothéoses de la faiblesse et de l'orgueil
humains. Ensuite, et c'est un malheur, M. Bouillier s'est pris
d'admiration pour des hommes comme Giordano Bruno et
Vanini ; il eût été d'un esprit aussi sage et aussi élevé que
le sien de laisser dans l'ombre un cerveau fou comme Gior-
dano, un misérable comme Vanini. Ce ne sont pas là des
martyrs à invoquer, et si la raison n'en avait pas d'autres,
 en vérité, nous la plaindrions.
   Les quelques mots qui ont été blâmés dans la profession de
foi émise par M. Bouillier, lui viennent de la bouche de
M. Cousin, nous a-t-on dit. Si cela était, le fait n'aurait
rien d'honorable pour le maître ni pour le disciple. Que
 M. Cousin, qui flotte à tout vent de doctrine philosophique
et politique, soit bien aise d'inoculer ses opinions, chacun le
 comprend ; mais, que le jeune et brillant professeur ne
 veuille pas conquérir l'indépendance de son langage, c'est
 de quoi peuvent s'affliger les cœurs honnêtes.