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                              S7


                            V U .                    •]   ••-••!



 L'HOMME EX SES OÃŽCVUES FOURNISSENT ALORS PEU D'INSPIRATIONS.



   Restent deux sources d'inspiration poétique, l'homme et
ses œuvres. Ces sources sont les plus fécondes, les plus
intarissables. Voyons si les contemporains d'Âusone pou-
vaient facilement y puiser.
   L'humanité peut féconder le talent du poète ou par les
 types qu'elle lui présente, ou par les sentiments qu'elle
lui inspire. Or, quels hommes le poète pouvait-il pein-
dre alors? car on ne peut faire de l'homme une peinture
abstraite, il faut le dessiner tel que la nature ou les cir-
constances l'ont fait, avec ses mœurs, ses passions, ses cro-
yances. Prendre pour modèle l'homme de son siècle, c'eût
été faire un triste tableau. Le monde romain était alors si
caduc, si stérile en vertus publiques ! Prendre pour type les
grandes figures de l'antiquité, c'était refaire Horace et Vir-
gile. D'ailleurs, parler de gloire et d'héroïsme, c'était par-
ler une langue morte que personne n'aurait plus comprise.
La véritable Rome avait trouvé d'admirables peintres pour
tracer son portrait au moment fatal où sa beauté allait dé-
périr; et quand une fois une société s'est exprimée tout
entière, quand elle a fait son testament littéraire, il ne lui
reste plus qu'à mourir en silence. Il faut alors, pour don-
ner naissance à de grands poètes, que d'autres faits, d'autres
mœurs viennent éveiller des sentiments nouveaux, de nou-
velles idées ; il faut que la nature humaine, ce fond éter-
nel et inépuisable de poésie, se présente sous un aspect
nouveau.
  Je me figure un fleuve qui, de ses mille replis, embrasse
un seul et admirable paysage. Un homme, porté sur une
légère nacelle, est doucement entraîné par le courant. A