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27 s'exprimer en latin, content de parler facilement le grec, qui était la langue de son état. Jusqu'alors il avait borné son am- bition au titre modeste de curial : encore, satisfait de l'avoir obtenu, se tenait-il à l'écart, sans prendre aucune part aux affaires municipales. Il n'était d'aucun parti, d'aucune coterie; il ne se mêlait que d'aller voir ses malades, à qui il donnait gratuitement ses soins; car, sans être riche , Julius jouissait d'une position indépendante , et comme il n'avait besoin de personne, il avait de nombreux amis (1). Sa femme iEonie était en tout digne de lui. Elle songeait uni- quement à son ménage comme Julius à ses malades (2). Déjà elle lui avait donné une fille, mais cette enfant était morte à l'âge d'un an (3). Ce fut donc une grande joie dans la famille, quand Julius Ausonius se vit père d'un fils, d'un bel enfant, dont la bonne constitution promettait une longue vie. Pour comble de bonheur, son aïeul, grand mathématicien, et qui s'adonnait à l'astrologie judiciaire, prédit à cet enfant une carrière brillante (4). Hélas ! quel grand papa n'est un peu as- trologue ! Aussi ce fut dans la famille à qui élèverait l'enfant prédestiné. Sa première éducation fut confiée à son aïeule Emilie, femme austère, impérieuse, el qui réunissait deux qualités très conciliables, une vertu à toute épreuve et un teint si basané, qu'on l'avait surnommée la Maure (5). Cependant le petit Ausone n'était pas exclusivement aban- donné à la sévère Emilie la Maure. Il avait une jeune tante., qui s'appelait aussi Emilie, mais dont le caractère était si gai, si vif, si turbulent, qu'on l'avait surnommée dans son enfance, non pas Hilaria, mais Hilarias. On dirait que ce surnom influa Sur sadeslinee. Ce fut un personnage fort singulier. Tous ses (1) Epicedium.—Parentalia I. (2) Parent. 2. (3) Epiced. (4) Pareill. S. (5) Parent. 5.