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477 Pour tous ces présidents, pénible présidence ! Mes collègues, chez vous heureuse différence, Ce poste, je l'ai dit, vous le rendez aisé : — Alors, pourquoi, Monsieur, l'avez-vous refusé? — Par un juste motif: il serait sinécure. Pour moi, puis-je accepter sans craindre la censure Un tort que hautement je blâme chez autrui ? La sinécure, hélas, est en vogue aujourd'hui : Immobile à l'attaque et ferme à la secousse ; Coupez la tête à l'hydre, une autre lui repousse ; Un franc sinécuriste, absent ou négligent Dira pour s'excuser : c'est que j'aime l'argent !... Mais un poste gratuit veut une autre mesure : L'honneur ne doit jamais languir en sinécure : C'est pour le titulaire un devoir accepté, C'est un tribut de temps qui doit être acquitté. Or, quand mon temps ailleurs réclame ma présence, Rarement vous verriez siéger ma présidence : Dans Paris la grand'ville un fils à visiter, Un manoir à bâtir, des arbres à planter ; Et quand de la moisson la plaine se dépouille, Mon long bâton ferré qu'il faut que je dérouille; Les Alpes à revoir, leurs glaciers à grimper; Des jarrets et du front la force à retremper : Voilà , voilà pour moi d'importantes affaires ! Les pourrais-je aggraver de devoirs littéraires ? Dans ce cercle annuel de travaux, de plaisirs, Ne réserver pour vous que de rares loisirs?