Revue du Lyonnais » série 1 - n°10 ( 1839 ) » pp.463

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   Bouchet était loin de penser que l'art de la médecine fut parvenu
à ses dernières limites ; aussi ne repoussait-il aucune découverte,
aucune innovation, aucune opinion nouvelle, et, s'il ne les adoptait
pas toutes, c'est, qu'après les avoir étudiées, leur utilité ne lui
semblait pas incontestable.
   Plusieurs personnes se sont étonnées de ce qu'aucune de ces
croix que l'on sème avec tant de profusion ne soit tombée sur la
poitrine de Bouchet. Pour nous, nous n'en sommes pas surpris :
Bouchet n'avait pour y prétendre que son seul mérite, mérite im-
mense à la vérité. Cela ne suffit pas aujourd'hui. Cependant deux
fois, sous la Restauration, son nom fut inscrit sur une liste de can-
didats à la décoration do !a Légion d'Honneur ; deux fois il en fut
 effacé par des hommes qui ne lui pardonnaient ni ses répugnances,
 ni ses sympathies.
    Enfin, à 54 ans, se termina cette vie, si utilement active, si bien
remplie. Le 25 novembre, Bouchet fut enlevé à la science qu'il ho-
 norait, à sa famille dont il faisait le bonheur, à ses amis qui le
chérissaient comme un frère, aux malheureux dont il était la provi-
dence, le Dieu tutélaire. On dit qu'il ne laisse pas la fortune qu'au-
 raient pu lui assurer ses longs et honorables travaux. Nous n'en
 sommes point étonnés : Bouchet ne calcula jamais ce que pouvaient
 lui coûter les bienfaits qu'il aimait tant à répandre. Les familles en-
 tières qu'il a secourues, les orphelins auxquels il a servi do père
 savent pourquoi il n'est pas mort millionnaire. D'ailleurs, ses en-
 fants trouveront un assez bel héritage dans le nom si vénéré qu'ii
 leur a transmis. Son fils aine, qui promet un digne successeur à
 notre excellent docteur, possède déjà un précieux trésor. Ce sont
 des notes et des observations nombreuses sur divers cas de méde-
 cine et de chirurgie qui devaient servir de matériaux à Bouchot pour
  un ouvrage dont il devait s'occuper en ses futurs moments de loi-
 sir. Ces notes recueillies, mises en ordre et publiées un jour par
  son fils, attesteront que, même après sa mort, Bouchet voulait être
  utile à ses semblables.
   Pour nous, en essayant de dire quel fut Bouchet, nous n'avons
 pas eu la prétention d'écrire sa biographie. Nous avons voulu seu-
 lement consigner dans cette Notice, fort incomplète sans doute, quel-