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doute ce que nos expressions pourront avoir d'impropre. Ce n'est
point un docteur qui écrit cette notice.
   Un Espagnol était entré à l'hôpital pour se faire traiter d'un ané-
vrisme au pouce de la main gauche. L'amputation, jugée nécessaire,
fut heureusement pratiquée ; mais, au bout de quelque temps, l'ané-
vrisme reparut à l'aine droite. La tumeur était d'un volume si con-
sidérable qu'elle ne pouvait se résoudre par les moyens ordinaires.
Une opération des plus périlleuses, celle de la ligature intérieure de
l'artère iliaque externe, pouvait seule sauver le malade ; mais elle
présentait de si effrayantes difficultés que, jusqu'alors, personne eu
France n'avait osé la tenter (1). Bouchet, puisant sa confiance dans
le seul désir d'arracher un malheureux à la mort, et ne songeant
point à ce qui pourrait lui revenir de gloire, se détermina pour l'o-
pération. Il en démontra toute la nécessité au malade sans lui en
dissimuler le danger. Il eut le bonheur de rencontrer en celui-ci
autant de courage qu'il en avait lui-même, et, ne doutant plus de
la réussite, il se mit à l'œuvre. Le plus beau succès couronna l'en-
treprise la plus hardie. Le malade guérit. Il nous souvient de l'avoir
vu, après l'opération, plein de vie, mais surtout plein do reconnais-
sance pour l'homme de l'étonnante habileté duquel il tenait une
seconde existence. De son côté, Bouchet s'était attaché à celui qu'il
avait sauvé comme un père s'attache à son enfant, et ses regrets
furent bien amers lorsqu'une déplorable fatalité vint se jouer si
cruellement de l'amitié et de la science du chirurgien(2).
    Cette profonde reconnaissance que les malades de Bouchet con-
 servaient pour la main qui les avait guéris, pour le cœur qui les
avait consolés, se manifestait quelquefois d'une façon fort curieuse.
En voici un exemple :
    Tarmi les soldats blessés que l'invasion jeta dans les hôpitaux de
Lyon il y avait, dans les rangs de l'Hôtcl-Dieu, un cosaque do l'hu-

   (1) La ligature de l'artère iliaque externe avait été pratiquée par uu des
plus célèbres opérateurs de l'Angleterre, mais sans succès.
  (2) Plus d'un an après la cure mémorable que nous venons de rapporter,
un nouvel anévrisme se déclara chez le même sujet qui, cette fois, mourut
avant de pouvoir être opéré.