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451 dans l'ordre métaphysique, par les hommes auxquels on a don- né le nom de philosophes? Pour vousen convaincre, suivez, dans l'histoire de la philosophie, les progrès successifs de la notion de la cause, du monde et de la divine providence. D'abord ap- paraît le fétichisme, premier état religieux soit de l'individu, soit de l'humanité. L'homme considère alors chacun des objets matériels qui l'entourent comme autant de divinités ayant chacune en elles la cause première de leurs mouvements et une volonté bienveillante ou malveillante semblable à la sienne. Au fétichisme succède l'anthropomorphisme, l'humanité dé- pouille les objets extérieurs de leur divinité pour la faire ré- sider dans des hommes invisibles par l'action desquels elle s'explique tous les grands mouvements de l'univers. Mais, par une observation plus approfondie de la nature humaine, la philosophie arrive à la distinction des phénomènes de l'ame et des phénomènes du corps, de la force et de la matière, tandis- que les progrès des sciences physiques démontrent que l'univers ne se compose pas de différents empires soumis à différentes lois, que tout y est assujôti à un même plan en vertu de lois constantes et universelles, alors succède à l'anthropomorphis- me la notion d'un Dieu unique et immatériel. Mais ce Dieu n'est pas encore le Dieu souverainement sage, souveraine- ment puissant; la matière subsiste indépendamment de lui, et il n'a fait que lui donner la forme et le mouvement. 11 garde encore quelque chose des passions humaines, et il entre quel- que peu d'arbitraire dans son gouvernement du monde. Cepen- dant les attributs de la puissance et de la sagesse divine reçoivent bientôt de nouveaux développements. Dieu n'est plus seu- lement le formateur mais encore le créateur du monde. S'il est souverainement puissant, il est aussi souverainement sage, il agit toujours conformément à la sagesse, il fait toujours ce qu'il y a de meilleur, et, par conséquent, jamais il n'a besoin de revenir sur ses décisions, ni de retoucher, comme un ouvrier