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253 d'une aventure qui avaient commencé par les déconcerter. Outre les personnes ci-dessus nommées, de Villers était lié avec tous les savants lyonnais de son époque. On pour- rait citer entr'autres le P. Lefèvre, oratorien érudit; de Laurencin ; Montgolfier , l'illustre inventeur des aérostats; Courvoisier, le minéralogiste et Commerson surtout, bota- niste célèbre dont il avait suivi les pas. Un des plaisirs de de Villers était d'élever ces oiseaux au brillant plumage.) dont la voix docile apprend à redire quelques mots. Il en avait ordinairement sur sa fenêtre plusieurs dont le langage plus ou moins singulier altirait les regards des passants. Un jour, une actrice en tournée ar- rive à Lyon avec l'élève le plus savant dont il ait jamais été fait mention dans l'histoire des perroquets ; il savait six ou sept passages d'opéras. Notre savant n'en aurait pas dor- mi de long-temps s'il n'avait pu avoir en sa possession ce phénix. Heureusement l'actrice voulut s'en défaire ; il l'ob- tint pour vingt-cinq louis. Joyeux et fier de sa conquête, il emporte l'incomparable oiseau, en jouissant à l'avance de tout le plaisir qu'il se promet. Mais, hélas ! à peine cet exilé des bords du Gange se trouve-t-il avec de nouveaux visa- ges, que son esprit et sa mémoire semblent l'avoir aban- donné. Pendant quinze jours il ne fit entendre d'au- tres sons que les chants aigres et criards dont ses pareils assourdissent les échos des rivages indiens.- son nonveau maître était désolé. Une certaine fois, ce dernier, en rega- gnant son logis, entend de loin son perroquet dont la voix perçante lui semble plus désagréable encore. Animé de dépit, il hâte le pas, arrive chez lui, s'arme d'un pot d'eau et inonde l'insupportable criailleur. Mais , ô surprise, ce dernier, si sot ou si capricieux, recouvre tout à coup la mémoire et se met à prononcer ces vers qui faisaient par- tie de son répertoire : Demandez-moi pourquoi, pourquoi celte colère? Ils élaient d'un si bon accord !