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223 nous semble digne des plus belles pages de Lamartine, à qui l'ode est adressée. La correction dans les œuvres de l'esprit n'est pas le carac- tère distinctif des grands écrivains de notre époque, soit qu'il y ait oubli, soit qu'il y ait indifférence. On fait même assez bon marché de ces lois de langage, lesquelles pourtant sont éternelles comme le goût et le bon sens. C'est partout et tou- jours qu'il faudra de la clarté au style, de la connexion entre les membres de phrase qui se chargent de traduire la pen- sée ; or, cela ne s'obtient qu'à l'aide d'une étude grave et sé- rieuse, ou d'un instinct singulièrement heureux. Bien que M. Reboul soit plein de respect pour la langue qu'il écrit, nous avons remarqué à travers ses Poésies, d'assez nombreuses distractions. Ce sont là de faibles taches que M. Reboul effacera sans doute dans une prochaine édition. III. 'IDÉE fondamentale du Dernier Jour, n'est pas neuve, et peut-êlre que si le poète y eût bien songé, il eût cherché ailleurs un sujet d'inspiration. Se faire l'historien d'un grand jour qui n'aura pas d'historien, repasser par les routes où passa le génie de Dante, élever un frêle monument à côté de cette sublime trilogie coulée en bronze, c'est entreprendre une rude tâche. Lorsque le sombre proscrit de Florence écrivait à travers les cités italiques sa Divine Comédie , son ame, indépendamment de l'étincelle sacrée, se trouvait dans des conditions qu'il sera difficile au poète de rencontrer jamais. Il écrivait une langue forte et naissante, qu'il pliait et façon- nait à son gré ; le siècle se préoccupait ardemment des mys- tères de l'autre vie, on avait foi aux sombres réalités qu'il traduit dans ses chants, et l'enceinte des cloîtres silencieux où se pressait une population pénitente, les voûtes des hautes cathédrales où on venait rêver et prier, les récils légendaires pour lesquels s'éprenaient des imaginations exallées, les