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221 sieurs vers qui rappellent une pensée de Bossuct, une pensée connue : Quoi! ce corps délicat, amant des voluptés, Ces regards que les cieux enivrent de clartés, Ces organes si prompts par qui l'arne est servie, Et si bien en accord dans l'hymne de la vie, Tout cela ne sera qu'un avorton du temps, Que la mort doit reprendre après quelques instants ! Tout cela ne sera que des lambeaux putrides, El puis des vers, et puis des ossements arides, Que peut-être en sifflant, un jour, le fossoyeur Doit briser en creusant une fosse nouvelle, Ou par un temps humide en nettoyer sa pelle ; Puis, réduits en poussière, enfin se résumer Par ce ne je sais quoi qu'on ne saurait nommer ; Qui s'abîme, se perd au sein de la matière, Dans ce globe qui n'est plus qu'un grand cimetière ; Où le pied en marchant ne peut être appuyé Sans fouler une part du genre humain broyé ; Où l'on ne peut marquer un pouce de surface Dont la mort mille fois n'ait déjà pris la place. Or, voilà comment écrit notre boulanger de Nîmes, cet homme sacré poète au berceau, et qui n'a point, comme nous autres, usé ses belles années à faire, dans les collèges, des amplifications françaises sur le Lever du soleil, sur la Bienfai- sance et le Printemps. Mais comme il a dû pénétrer dans l'an- tiquité, converser avec nos grands écrivains, de toutes les manières qu'il a pu le faire, car on sent, à son volume de Poésies, qu'il y a de bonnes lectures, et il ne saurait en être au- trement, dès que l'on veut écrire une page. M. Reboul a voulu visiter Sainte-Hélène après nos grands poètes contemporains, Lamartine, Hugo, Eyron, Manzoni, mais il ne nous semble pas qu'il ail été heureux dans son pè- lerinage ; l'expédition d'Alger, sujet magnifique et neuf ce- pendant, ne l'a pas mieux inspiré que la tombe de Napoléon, A part quelques pièces de ce genre et quelques fragments qui