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 plus tendre que l'affection se fait déjà remarquer entre les
 deux jeunes gens. Anna joue dans toute la simplicité de son
 innocence et ses yeux disent son bonheur ; Severin explique
 àElie son passé, ses progrès, ses espérances, il dit sa vie
 doucement mais fortement enchaînée à ce coin de terre qui
 porte inscrits tous ses souvenirs, et de Beaumont comprend
 tout ce qu'il y aurait d'ingratitude et de barbarie à venir
 bouleverser cette modeste aisance. Une lettre d'Elie va donc
 dissuader M. Gaillol ; mais il n'est plus temps, la femme du
 banquier vient de se déshonorer aux yeux de Paris, Gaillot
veut à tout prix s'éloigner de la capitale et le voilà qui, poussé
par ses velléités d'industrie, vient avec son épouse rejoindre
 de Beaumont.
   Dès ce moment, la ruine de Severin doit être regardée
 comme certaine, car le banquier trouve partout des encou-
ragements, et peut tout combler avec son or. Là commence le
drame: l'homme etl'argent se trouvent en présence; Severin
a son habileté industrielle, sa probité et sa force d'ame;
Gaillot peut acheter l'habileté industrielle de tous, ternir la
probité par la calomnie, lutter par l'intrigue, écraser par la
concurrence. Gaillot va d'abord à Severin, et veut en quelque
sorte le forcer à vendre son usine ; ses moyens sont tour à
tour une apparente flatterie, la séduction d'argent et les me-
naces d'une baisse de prix, il étale tous les assassinats légaux
d'une juste industrie, et comme Severin préfère sa ruine à la
vente, le financier dresse ses batteries au dehors. Les terres
avoisinantes sont achetées, une nouvelle manufacture s'élève
en six semaines, des machines arrivent d'Angleterre, et, parce
que tout annonce ici l'opulence, les vœux de la population bre-
tonne désertent la cause de Severin pour épouser celle de
Gaillot. Mais les mesures n'ont pas été bien prises et les
machines anglaises ne peuvent fonctionner ; après le dé-
couragement l'espoir revient au cœur de Severin. Un jour
Aima console et encourage son père : « vois cette vaste ma-
nufacture du banquier, lui dit elle, elle se lient deboutcommo