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celles de Poitiers et de Saint-Gilles. Quoique les dessins
dont nous parlons ne soient que des croquis et de simples
traits, on y reconnaît une grande facilité d'invention, un sen-
timent du pittoresque peu commun dans ces siècles reculés,
et, malgré la disproportion des figures, beaucoup d'adresse et
de netteté. Le sujet est ordinairement bien rendu, sans faux
traits, avec franchise et hardiesse. L'artiste ne s'est pourtant
pas fié sur sa fidélité à reproduire le texte, car il a accompagné
ses groupes de légendes explicatives en prose.
   « On ne doit point s'attendre à trouver dans celte Psycho-
macliie un livre de luxe comme les missels et les bréviaires
du même siècle, aux vignettes peintes et dorées, aux couver-
tures d'ivoire ciselé, et aux fermoirs d'or incrustés de saphirs.
Quelques rubriques, une seule initiale verte, un petit nombre de
traits de minium semés sur les figures, voilà tous les moyens dont
l'artiste s'est servi pour rehausser ses illustrations. Les des-
sins, nous le répétons, ne sont ici qu'une explication du texte,
une esquisse d'un autre travail plus grand peut-être, mais
une esquisse ferme et spirituelle, moins remarquable par
son fini que par ses intentions, moins intéressante encore
par son sentiment artistique que par les documents qu'elle
nous livre sur la vie et les costumes du milieu du XII e siècle.
Nous avons assimilé ce manuscrit à une basiliqne romane ;
 cette comparaison serait encore juslifiée par l'aspect du
premier de ses dessins, lequel représente le Christ assis au
milieu d'une veska piscis, entouré de ses apôtres et de ses
élus. Aux matériaux près, on croirait voir un de ces portails
sculptés que la piété élevait dans le midi de la France, à l'é-
poque qui précéda immédiatement l'ère ogivique.
   » Ce manuscrit de Prudence ne va pas tout-à-fait jusqu'à
la fin du poème ; nous pensons qu'on rendrait un éminent
service aux artistes en publiant un fac-similé de ses dessins.
Les bibliothèques de Lyon possèdent beaucoup d'autres t r é -
sors de ce genre, qui n'attendent, pour être admirés du public,