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qui se font autour d'eus ; ceux-là, nous les laissons s'agiter
et s'essouffler dans leur néant. Nous ne parlons que du petit
nombre de savants enthousiastes que séduit le poétique loin-
tain d'une brillante théorie. — Plaisante chose, vraiment, et
spectacle curieux ! écoutez : Voici venir les plaintes lamen-
tables de quelques prophètes myopes, qui, se posant comme
des oracles sur la limite des siècles, s'apitoient sur une dis-
solution imminente, gémissent sur de prochaines catastrophes,
etplaignent le sort menaçant des races à venir; ou bien encore
les charmantes et fraîches élégies, les cadences mélancoliques,
les jolis analhèmes qui creusent harmonieusement, là bas, là
bas, un abîme bien noir, bien profond, où l'humanité va tom-
ber au doux murmure de leurs rimes mélodieuses. — Tour-
nez-vous d'un autre côté, et voilà que les mots retentissants
de progrès indéfini, physiologie sociale, science humanitaire,
viennent étourdir vos oreilles ; et, de part et d'autre, on peut
s'autoriser d'un grand nom, d'un célèbre patronage, et de part
et d'autre pourtant, la divinité qu'on encense, le drapeau qu'on
arbore, c'estle fatalisme; là, le fatalisme pessimiste, ici le fa-
talisme optimiste : Thucydide voyant s'amonceler autour de
lui les ruines de la Grèce qui pour lui est le monde ; Tacite,
témoin de l'effrayante dégradation de la société romaine, et
qui n'avait pas deviné l'influence du christianisme et des bar-
bares, ces deux éléments régénérateurs de l'humanité ; Thu-
cydide et Tacite ne sont pas plus fatalistes que Machiavel et
Yico, faisant tourner le monde autour d'une succession circu-
laire de phénomènes sociaux; que Boullanger avec son torrent
que rien ne peut arrêter si ce n'est le déluge ; que Turgot qui,
comparant les révolutions aux tempêtes, dit : les maux dispa-
raissent, et le bien reste ; que Condorcet prêchant la perfecti-
bilité infinie ; que Saint-Simon basant son matérialisme néo-
chrétien sur cet aphorisme admis sans contrôle: pourquoi?
Parceque, des deux côtés, on nie l'alliance de l'activité et de
l'autorité, de la liberté et de la providence, deux forces qui
régissent le monde conjointement, parce que, pour les uns, le