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minée, nous pouvons nous approprier, nous assimiler,
et ce que nous devons négliger et rejeter.
   Car dans les chefs-d'œuvre antiques, tout n'est pas à
prendre pour nous, tout n'est pas à imiter si tant est que
nous puissions en imiter quelque chose : et aujourd'hui
l'on n'oserait guère soutenir le contraire, quelque endurci
que l'on puisse être dans ses classiques admirations.
   L'art ayant toutes ses racines dans les conceptions et
les aspirations de l'ame humaine, est étroitement enchaîné
aux destinées de l'humanité, laquelle, immuable par le fond
de sa nature, varie continuellement dans les modes de
son existence. L'homme tient à deux mondes, au monde
de l'infini et de l'immuable par les lois fondamentales de
sa raison, au monde des choses contingentes et changean-
tes par sa sensibilité. Canevas et dessin primitif invaria-
bles, sur lequel le temps varie une broderie aux couleurs,
aux combinaisons chaque jour nouvelles, voilà l'homme.
L'humanité s'avance comme un voyageur à travers les
siècles, toujours la même dans ce qui constitue son es-
sence, mais développant et modifiant à chaque pas ses
notions premières par l'acquisition d'idées, de sentiments,
de connaissances nouvelles, prenant l'habit et les allu-
res des pays, des climats où elle passe, et prescrivant à
l'art, son peintre fidèle, de changer ses pinceaux et de
modifier ses couleurs, à mesure qu'elle modifie elle-mê-
me les aperçus de son esprit, les formes et l'étoffe de son
vêtement. L'art doit donc avoir, comme l'humanité, sur
un fond immuable, quelque chose de continuellement
changeant. Il y a donc dans l'art des choses qui restent
et des choses qui passent 3 un code du goût absolu dans
toutes ses prescriptions, est donc un non-sens ; tout code
du goût renferme donc à la suite de quelques lois absolues