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483 minée, nous pouvons nous approprier, nous assimiler, et ce que nous devons négliger et rejeter. Car dans les chefs-d'œuvre antiques, tout n'est pas à prendre pour nous, tout n'est pas à imiter si tant est que nous puissions en imiter quelque chose : et aujourd'hui l'on n'oserait guère soutenir le contraire, quelque endurci que l'on puisse être dans ses classiques admirations. L'art ayant toutes ses racines dans les conceptions et les aspirations de l'ame humaine, est étroitement enchaîné aux destinées de l'humanité, laquelle, immuable par le fond de sa nature, varie continuellement dans les modes de son existence. L'homme tient à deux mondes, au monde de l'infini et de l'immuable par les lois fondamentales de sa raison, au monde des choses contingentes et changean- tes par sa sensibilité. Canevas et dessin primitif invaria- bles, sur lequel le temps varie une broderie aux couleurs, aux combinaisons chaque jour nouvelles, voilà l'homme. L'humanité s'avance comme un voyageur à travers les siècles, toujours la même dans ce qui constitue son es- sence, mais développant et modifiant à chaque pas ses notions premières par l'acquisition d'idées, de sentiments, de connaissances nouvelles, prenant l'habit et les allu- res des pays, des climats où elle passe, et prescrivant à l'art, son peintre fidèle, de changer ses pinceaux et de modifier ses couleurs, à mesure qu'elle modifie elle-mê- me les aperçus de son esprit, les formes et l'étoffe de son vêtement. L'art doit donc avoir, comme l'humanité, sur un fond immuable, quelque chose de continuellement changeant. Il y a donc dans l'art des choses qui restent et des choses qui passent 3 un code du goût absolu dans toutes ses prescriptions, est donc un non-sens ; tout code du goût renferme donc à la suite de quelques lois absolues