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ttilion ; il ne la reçoit pas. Il gouverne, il règne de la même
manière que le pape. Il est le fils aîné du Dieu de l'art. Dans
son platonisme biblique il entrevoit des idées des formes que
lui seul a aperçues^ il les impose au monde et ce monde s'y
soumet. Ses œuvres sont des décrets, son Dieu est le Dieu de
l'excommunication, sa madone est celle de la vengeance, son
ciel menace. Des images portent son Jehovah aux quatre
vents. Dans la chapelle sixtine ses prophètes écrivent sur
leurs livres d'or la bulle d'interdiction des empires futurs. Ses
sibylles de Cumes et d'Ephèse sont émues par avance des
anathèmes du moyen-âge. H y a en lui du Grégoire VII com-
 me il y a du Léon X dans Raphaël. »
   La troisième partie de l'ouvrage de M. Quinet est formé
d'une réunion d'études consacrée aux diverses épopées. L'his-
toire de la poésie jusqu'à nos jours est dessinée à grands traits
dans ces morceaux admirablement complétés par celui qui sert
d'introduction. Nulle part on n'a présenté en si peu de pages
un aussi large tableau de la littérature. Le caractère saillant
de chaque poésie nationale y est mis en relief de manière à se
faire reconnaître dès l'abord, et un même soufïe philoso-
phique anime l'ensemble du cadre. Un mérite non moins
grand, commun à tous ces articles, c'est que les questions lit-
téraires qui s'y trouvent naturellement soulevées sont toutes
exposées et discutées du point de vue contemporain, et de
façon à jeter un jour fertile sur les grands problèmes d'art qui
s'agitent maintenant en France.
   L'abolition des trois premiers siècles de l'histoire de Rome
tentée par Nieburh au profit du mythe et du chant populaire
estfortementcombattue par M.Quinet. Son système le conduit
à développer des idées profondes sur la nature de la poésie
romaine. Il n'y eut point à Rome de poèmes héroïques origi-
naux ; l'épopée primitive est fille d'une oisiveté poétique
dont la plèbe romaine, esclave dans l'enceinte du Pomœrium
ne reçut jamais les fécondes inspirations. Aussi Rome manque-
t-elle d'une poésie nationale ? elle prit à la Grèce ses poètes