Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                               347
gracieuses têtes n'a-t-il pas modelées! que d'épaules délicates.,
que de flexibles et onduleux cous de cygne dévoilèrent à ses
yeux leurs élégants contours! Mais de tous ses portraits de
femme le plus original, le plus séduisant, sans contredit, fut
celui de la belle et spirituelle madame Récamier.
   Quel étranger un peu notable, passant à Lyon avant la fin
de l'Empire, n'est allé visiter le professeur de sculpture de la
ville ? C'était un atelier beau et curieux à voir que celui qu'il
occupa longtemps. Les Pénitents de Lorelte avaient été chas-
sés de leur couvent, et les murs de la vieille église dépouillés
de la pompe catholique. Chinard avait acheté ce temple déchu.
Au pourtour de la nef régnait une ligne de piédestaux,
de trépieds, de sarcophages en bois peint, simulant le granit
 et le bronze. Sur les vieux débris des fêles révolutionnaires,
d'autres débris, ceux de la statuaire antique, se dressaient si-
 lencieux ; et sous les voûtes où les hymnes du culte romain
 retentissaient naguère , les chants des élèves^ la voix du maî-
tre, les coups redoublés de l'acier sur le marbre se faisaient
seuls entendre. Ce mouvement de transformation, lent, mais
irrésistible, ne s'est point encore arrêté. Aujourd'hui, à la
 même place, vous n'ouïrez ni les sons religieux de l'orgue.,
 ni les joyeuses clameurs d'une jeunesse insouciante. Les idoles
 se sont enfuies comme autrefois les saints. La vaste nef qui
 les avait tour à tour abritées a disparu jusqu'au dernier vestige.
 Sur l'emplacement de l'enceinte effacée ont surgi trois ou
 quatre bâtiments vulgaires qui semblent vouloir compenser
 par une hauteur excessive l'exiguité de la part qui leur est
 échue sur le sol. Ce n'est point des arts, ni des choses du
 ciel qu'on s'y occupe à cette heure. Les compartiments de
 la distribution nouvelle forment quelques uns des mille r é -
 duits où se débat une industrie jadis souveraine, et mainte-
 nant presque détrônée.
  Quelques années avant sa mort, Chinard avait acquis la
propriété où il repose depuis vingt-cinq ans. Il voulut présider
lui-même à la construction de son tombeau ; mais les travaux