Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.205

                                205
six personnaiges, c'est à savoir une fille habillée de taffetas
rouge, signifiant force ; une autre fille habillée de taffetas pers,
signifiant prudence ; une autre fille habillée de taffetas jaune ,
signifiant diligence; une autre fille signifiant vaillance, ha-
billée de taffetas violet    C'était également de soie qu'étaient
 habillés d'autres personnages, tels qaebon vouloir et honneur
 de noblesse, Aristote et Proserpine, qui récitèrent de belles sen-
 tences à notre sire Louis XII. »
    On observera que toutes ces étoffes avaient très probable-
 ment été fabriquées à Lyon même, « puisque l'on conserve aux
 archives municipales, la copie de remontrances faites au roi
 Louis XII, en 1500, par Jes conseillers et échevins delà ville de
 Lyon, lors de l'entrée de Sa Majesté et d'Anne de Bretagne son
 épouse; remontrances au sujet, entre autres , de la manufac-
 ture des draps de soie. »
    « Ainsi, dit encore M. Grognier , la manufacture de soie
 existait à Lyon du temps de Louis XII ; mais avait-elle été fon-
 dée sous ce prince ? le 17 juillet 1494 , Charles YII1, étant à
Lyon , rendit une ordonnance concernant les étoffes de soie
fabriquées en France. »
   Bien plus , le roi Louis XI rendit, en faveur de la fabrique
lyonnnaise, des ordonnances datées de 1466 , 1467 et 1469;
dans la première d'entr'elles , il est dit que la consommation
des draps d'or et de soie s'élevait alors en France à près de
500,000 écus ; enfin , en 1470 , nouvelle ordonnance du même
roi sur les fabriques de soie de la ville de Tours.
   Si nous remontons plus haut encore , nous trouverons à
chaque page , dans les chroniqueurs, des preuves de l'amour
que les Français ont porté de tout temps aux vêtemens somp-
tueux ; il n'est pas jusqu'à la cour du roi saint Louis qui ne se
revêtit de justaucorps desoie , à l'imitation du pieux monarque.
On doit pourtant se garder d'induire de là que la soie fût aussi
commune en France au XIIIe siècle qu'aujourd'hui ; car il est
à peu près certain que son introduction fut singulièrement fa-
vorisée soit par l'arrivée des Médicis , soit par les émigrations