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 tention des connaisseurs. De ces m o n u m e n t s , tous plus ou
 moins remarquables sous le rapport de l'art, six ont survécu
 à la t e m p ê t e , et ont été restitués au culte catholique : l'église
 des Oratoriens devenue église paroissiale de Saint-Polycarpe ;
 l'église des Auguslins, paroisse de Saint-Louis ; l'église abba-
 tiale de Saint-Pierre, aujourd'hui paroisse du même n o m ;
 l'église des Chartreux, aujourd'hui paroisse Saint-Bruno. L'é-
glise du Collège, destinée aux mêmes usages, est passée en
d'autres mains ; l'Université a remplacé la compagnie de Jésus;
la dernière enfin, monument plus spacieux, plus célèbre aux
 temps de nos pères, c'est l'église des Grands-Cordeliers, de-
 venue église paroissiale de Saint-Bonaventure, celle dont nous
 entreprenons de retracer l'histoire. »
    M. l'abbé Pavy débute par ce coup-d'œil ferme et rapide ;
 ces lignes doivent bien faire augurer du reste de l'ouvrage.
Beaucoup de personnes pour qui les édifices religieux ne sont
que des pierres jetées les uns sur les autres, et des monuments
qu'il faudrait métamorphoser en salles de spectacle et de
loterie, ou en greniers à foin, ne comprendront pas, sans
doute, quel intérêt si puissant force quelquefois un auteur à
interroger les murs d'une église, les ruines d'un cloître ;
mais les âmes en qui respire la foi des ancêtres et que do-
mine le culte sacré des souvenirs, pensent tout autrement, et
ne renoncent point ainsi à l'héritage précieux que nous ont
légué nos pères. N'est-ce pas, en effet, un plaisir rempli d'une
douce tristesse que de recueillir ainsi et d'étudier pieusement
tout ce que le temps a laissé debout, pour trouver ça et là de
touchantes leçons de bienfaisance et de vertu ? N'y a-t-il rien,
en nous-mêmes de saint et d'immortel qui nous rattache à
ceux qui respirèrent le même air que nous respirons, et,
nobles pèlerins, cheminèrent sous les mêmes cieux qui nous
abritent ? Ces défunts dont il reste si peu de chose, on peut
leur dire, comme le poète :

              « Nêles-vous pas un débris de nos cœurs (1)   s   »

  il) Lamartine. Harmonies, pensées des morts.