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   Jean dans l'île de Pathmos, ils conversaient avec l'esprit de Dieu, et
  c'étaient leurs propres inspirations qu'ils rendaient sous les traits
   de quelque saint ou de quelque bienheureux martyr. Ceci est l'histoire
   de Zurbaran, de Ribeira, duflorentinFiésole et de bien d'autres maî-
   tres espagnols ou italiens. Sans avoir la foi, c'est une tentative folle
   que de s'attaquer à des sujets semblables; je dirais presque qu'il
   faudrait préalablement se retirer au fond d'une Thébaïde, loin du
   monde, dans la contemplation et la prière.
      Le Gaston deFoix de Jacquand avait annoncé un grand progrès ;
  la science de la couleur paraissait se développer puissamment chez
  lui ; l'expression ne manquait pas. La Bénédiction des fruits d'au-
   tomne ne présente point les mêmes qualités; en revanche, les dé-
  fauts abondent ; je trouve d'abord qu'il n'a pas du tout compris la
  sérénité, la piété naïve, qui devrait descendre sur cette chaumière
  et éclairer toutes ces figures, comme un rayon tranquille du soleil
  d'automne. À part la tête patriarchale du curé, rien ne me frappe ;
  ie corps de la vieille femme assise n'est point dessiné ; je veux bien
  croire que l'âge a décharné ses genoux, mais on ne sentpas mêmesous
 sa robe les jambes de bois d'un mannequin ; la main du prêtre, posée
  sur le livre entr'ouvert, est détestable; sous tous ces vêtements, il
 n'y a jamais de corps, rien d'ample ni de corsé. M. Jacquand a tou-
 jours affectionné l'imitation des choses matérielles. Etoffes de soie
 et de velours, bahuts gothiques, cuirasses, arquebuses, dagues, ra-
 pières, tels sont pour son pinceau les objets de prédilection. Cette
 fois, il n'a pas même réussi en cela; ses draperies sont lourdes et
disgracieuses, les couleurs ternes. Partout la lumière manque ; sur
 certains points se trouvent des tâches blanches ou jaunes qui ne
 peuvent y suppléer. Ce n'est point ainsi que doit éclairer un rayon
lumineux , lorsque, entrant dans un lieu, il s'étend et se divise. Enfin
toute poésie manque à ce tableau, même celle des lignes, cette poésie
qui ne s'apprend pas dans les ateliers, et qui peut parfois suppléer à
celle du cœur. Avant Gaston de Foiœ,M. Jacquand, n'avait fait que des
poupées assez aimées des dames, il est vrai; mais elles ne prouvaient
rien au point de vue de l'art. Est-ce que Gaston ne serait qu'une Å“uvre
isolée dans sa vie, une œuvre arrivée à bien par des circonstances