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14 Et quand la voile au vent ouvre ses plis gonflés, La rame est inutile aux navires ailés ! Dormez où votre espoir a jeté sa racine, Marthe jalouse on vain votre place divine, A cette ame qui s'use à des soins superflus Le Christ a répondu déjà pour ses élus : « Le trépied fume encor sur les flammes pressées, « Les fruits mûrs sont cueillis, les amphores dressées, « Le miel et le froment pétris dès le matin, « La salle radieuse est ouverte au festin, " Les hôtes sont joyeux ; mais une voix réclame— « Marthe, qu'avez-vous fait pour les besoins de l'ame? « Vous avez préparé le pain du serviteur, " L'esclave est satisfait, mais qu'aura le Seigneur? « Croyez-vous que la chair calme sa faim divine? « N'a-t-il pas une soif que votre cœur devine ? « A sa lèvre altérée il faut un vin plus doux, « Vin qu'a versé Marie, ô Marthe, et non pas vous ! « Ne l'accusez donc pas d'être l'arbre inutile ; « A qui s'endort sur moi le sommeil est fertile ! « Le travail do plusieurs qui s'en seront vantés « Portera moins de fruit que cette oisiveté. « Votre cœur s'est troublé du soin des choses vaines, « Une seule pourtant est digne de vos peines, « 0 Marthe, et votre sœur avant vous en lit choix ; " Assise à mes genoux, elle écoute ma voix ; « Nul ne lui ravira cette place chérie, « Car la meilleure part est celle de Marie ! »