Revue du Lyonnais » série 1 - n°8 ( 1838 ) » pp.463

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anciens , Sévère sait que son ennemi qui couvre celte ville
s'est placé en avant de la base du triangle , entre le Rhône
et la Saône, qui en forment les deux côtés, position inexpu-
gnable, puisqu'elle a l'avantage d'être, pour ainsi d i r e , à che-
val sur deux des quatre grandes roules qui traversent la
ville; d'avoir ses deux flancs gardés par deux fleuves larges et
profonds, que dominent à pic les hauteurs où l'armée d'Albin
campe; d é p l u s , sur les derrières , une ville considérable,
que Strabon appelle exordium, emporium Galliœ, tant elle a
d'importance et de richesses ; de celle ville, Albin peut tirer
des ressources de toute espèce, il peut se réfugier dans ses
m u r s , en cas d'échec, et effectuer sa retraite vers la Nar-
bonnaise ou vers quelque autre province riche du midi, qui se
trouve sur la route de l'Espagne , en partie soulevée pour lui.
   Cet emplacement est le seul qui convienne à Albin ou à
tout autre général, qui veut couvrir et garder L y o n ; c a r ,
non seulement il offre l'unique moyen de proléger la ville ,
mais encore la seule facilité de se ménager des ressources en
cas de défaite; de p l u s , c'est la seule position autour de
Lyon qui fasse éviter le cas si désavantageux à la guerre
d'être acculé à une rivière. Or, en quelque autre lieu qu'on
se place , on aura le Rhône ou la Saône derrière soi.
    De cette h a u t e u r , Albin découvre les A l p e s , voit fuir
le Rhône vers la province romaine , en découvre presque
la source du côlé de l'Helvétie, par conséquent il peut aper-
cevoir de quel côlé viendra son e n n e m i , et en être pré-
venu sans avoir besoin de détacher de nombreuses troupes,
ce qui affaiblirait son corps d'armée. Cette situation lui est in-
diquée encore par un grand maître en l'art de la guerre; Albin
 n'ignore pas que César, avant de s'avancer dans les Gaules,
 a établi son camp au point où le Rhône et la Saône joignent
 leurs eaux (1). Quoique, ^dans ses commentaires, il ne soit

   (1) Lyon n'était pas une grande ville du temps de César; sans cela aurait-
il pu ignorer l'existence d'une ville importante, autour de laquelle étaient