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solettes répandent au loin leurs enivrants parfums ; les mai-
sons et les palais sont illuminés ; les citoyens, habillés de
blanc, font retentir les airs de mille cris à la louange du nou-
vel empereur. Tout à coup une sourde rumeur se répand
dans la ville ; on fuit de tous côtés ; on vient d'annoncer les
barbares (1).
   Un homme de moyenne stature (2), à l'œil vif et perçant,
s'avance à la tête de ces soixante mille soldats qui entrent
dans Rome. Quarante jours leur ont suffi pour arriver du
fond de la Pannonie au centre de l'Italie , ils ont fait vingt
milles par jour (3). Cet homme, qui marche à pied, révêtu
de la toge, suivi d'une armée en bataille, enseignes dé-
ployées : c'est le nouvel empereur (4). Derrière lui, les nou-
velles légions germaines portent les drapeaux prétoriens ren-
versés ; les aigles romaines traînent à terre; leur règne est
fini ; toute la ville est dans l'épouvante.
   Malgré ses promesses solennelles de clémence , Sévère a
condamné une multitude de sénateurs à mort (5); il a or-
donné au sénat, muet de stupeur, de placer Commode au
rang des dieux : « Il leur sied bien de faire les difficiles ,
« valent-ils mieux que ce tyran ! » voilà les mots qu'a pro-
noncés le nouveau maître de Rome (6) , et qui montrent
assez le mépris qu'il fait des esclaves. Puis c'est au tour de
Pertinax, dont il s'est constitué le vengeur (7); la fête sera
magnifique; toutes les richesses, tous les trésors de Rome y


   (1) Sabbathier, Dictionn., p. 105, 106; Spartien, p. 63; Hérod., 1. 2,
p. 85.
   (2) Spartien dit dans son livre 5, page 71 : Ipse decorus, ipse ingens.
  (5) H y a 800 milles jusqu'à Vienne, cela fait 20 milles par jour. Note
de Gibbon. Hist. de la Décad. t. S, p. 280.
   (4) Dion, 1. 74, p. 1242.
   (5) Dion, 1. 75, p. 1264; Hérod., 1. 3, p. 115.
   (6) Chateaubriand, Eludes hist., l r e partie, p. 437.
   (7) Hist. Aug., p. 65.