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tête les pères de l'Eglise, Bossuet, de Maistre, B o n a l d ,
Ballanche, C h a t e a u b r i a n d , G e r b e t , e t c . ; penseurs p r o -
fonds qui émeuvent et r e n d e n t meilleurs, tandis que
les autres é t o n n e n t et éblouissent L'esprit sans aller au
cœur.
     Le professeur de l'Université qui nous a d o n n é sa
première l e ç o n , m a r d i d e r n i e r , appartient-il à u n e école
quelconque? défend-il un système connu ? Si l'on en juge
d'après ses deux premières leçons, on pourrait le r a n g e r ,
sans craindre de se t r o m p e r , dans ce q u ' o n appelle vul-
gairement l'éclectisme. S'il était permis d'avancer qu'il a
étudié l'histoire ailleurs que dans les livres, nous dirions
qu'il a pris pour modèles de pensée et d'éloquence
M M . Guizot et Villemain. Plus optimiste cependant que
le p r e m i e r , il égale le second peut-être en richesse d'i-
mages , en coloris de style. S o n élocution, élégante et
 facile, trahit r a r e m e n t sa pensée. Chez lui l'épithète
 arrive j u s t e , et quand il fait u n tableau d'histoire, il
 groupe toujours les faits avec le tact et le goût exquis d'un
 p e i n t r e . Ne passant pas auprès d'un contraste sans nous le
 m o n t r e r sous toutes ses faces, il n ' é p a r g n e jamais les
 couleurs de l'imagination quand iL trouve à les placer à
 propos et avec vérité. Doué d'un organe flexible et
 surtout é n e r g i q u e , il se r e n d maître de son a u d i t o i r e ,
 et vivifie ses pensées par la puissance d'expression
 de sa parole. Ses deux premières leçons, d o n t l'une
 traitait des avantages de l'étude de l'histoire , et d o n t
 l'autre était une espèce d'esquisse de l'histoire de F r a n c e ,
 l'ont t r o p laissé dans le domaine large et plein des géné-
 ralités pour pouvoir préjuger sa marche dans les sentiers
 tortueux et difficiles des détails. Ces deux leçons, qui n ' o n t
 été autre chose q u ' u n éloge de l'histoire et un éloge de
 la patrie , ont m o n t r é le professeur dans toute sa puis-
  sance ; l i b r e , il pu sans contrainte faire l i n l l e r son talent
  oratoire, qui est réellement r e m a r q u a b l e ; il a parlé à l'i-
 magination , il a charmé les auditeurs. Maintenant qu'il
  doit parler nécessairement à l'intelligence , fera-t-il réflé-
  chir ceux qu'il a fascinés par son éloquence. C'est ici que
  commence la rude tâche de l'enseignement. La longue
  robe du professeur est comme celle du p r ê t r e , elle est
  lourde toujours pour celui qui préfère le devoir aux h o n -