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338 L'article que les auteurs du Journal des Sçavans ont consacré à cet ouvrage (année 1678, page 257-59) est trop intéressant pour que nous hésitions à le reproduire: « G'estoit sans doute un homme de bon goût que cet altéré qui trouva le premier l'invention de boire à la glace. On ne peut pas savoir le nom de ce voluptueux, comme de celui qui s'avisa le premier de mettre l'eau dans le v i n , que Pline appelle Staphylus, fils de Silène ; mais, si nous en croyons Charès de Mitylène (1), c'est à Alexandre-le-Grand à qui nous devons l'usage des gla- cières. Quelques-uns le portent même plus loin, fondés sur ce passage des Proverbes de Salomon : Comme le froid de la neige dans le jour de la moisson , ainsi le messa- ger fidèle, etc. « Quoi qu'il en soit, il est certain que les Grecs et les Romains se sont servis de la neige et de la glace pour la délicatesse de leurs tables. Pline attribue à Néron l'inven- tion de faire cuire l'eau pour la rafraîchir, en la mettant, après qu'elle est cuite, dans des bouteilles de verre qu'on enfonce dans la neige; mais il se trompe, car Hippocrate l'a pratiqué long-temps avant ce prince; mais, au lieu de la mettre dans la neige, il l'exposoit au serein, aussi bien que le vin et les potions de ses malades, quand il vouloit les rafraîchir. En Italie et en Espagne , on en use de cette façon, et l'expérience fait voir que si, en retirant le ma- tin les bouteilles dans lesquelles on a ainsi exposé au se- rin l'eau bouillante, on les met dans de la paille, ou qu'on les couvre autrement, cette eau devient plus fraîche que la glace. On se sert de mille autres inventions pour boire frais. Les curieux savent qu'en dissolvant dans un (1) Voyez son avlicle faml'IIist. de la Litt. grecque, par Schoell, III, 205