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l'insouciante naïveté du sage qui sait apprécier là valeur des
biens de ce monde, un lazzi sur sa pauvreté, s'écriant avec le
poète qu'il défie la fortune sinon de le faire perdre du moins
de le faire payer. J'ajoute qu'il eut à faire à des honnêtes gens
qui loin d'abuser de sa confiance lui en furent reconnaissants.
    M. Grognier avait peu de penchant pour les sciences méta-
physiqnes et en général pour tout ce qui n'était que théories
spéculatives. La diversité des systèmes qui, dans l'espace de
trois mille ans, se sont succédés en philosophie, sans qu'il
en soit résulté aucun bien pour l'humanité, l'avaient convaincu
 qu'il était non seulement inutile mais encore dangereux de
 s'occuper de métaphysique. Avec une entière confiance il s'en
 est toujours rapporté à la philosophie catholique dont l'origine
divine, le développement gradué et continu par les ministres
 de l'ancien et du nouveau testament offraient à son ame con-
 fiante des consolations sûres et à son esprit incapable de doute
 la certitude incontestable d'une vérité révélée. Il n'a jamais
 cessé de croire à la cosmogonie de Moïse, à la persistance des
 espèces, sorties dans le principe des mains de l'auteur de toutes
choses. » Il a loujonrs vu avec peine des naturalistes lém éraire s
 opposer à une tradition sacrée les cataclysmes qui ont enseveli
 dans les entrailles du globe les générations qui nous ont p r é -
 cédé. Il considérait les animaux domesliques comme un présent
 que l'homme, lors de sa création, avait reçu des mains de
 l'éternel, et les végétaux destinés à notre nourriture comme
 semés dès le principe autour du berceau du genre humain
 par une main divine. « Du sein de la philosophie perverse
 et délirante du dix-huitième siècle, s'écrie-t-il, se sont exhalés
 des systèmes impies sur l'origine des choses et la formation
de l'homme
Oh! laissons l'esprit de sophisme nous représenter les sauvages
comme des peuples nouveaux sortant des mains de la nature
et marchant à la civilisation par la voie de je ne sais quel per-
fectibilité sans bornes ouverte à l'espèce humaine ; nous voyons
dans ces mortels misérables que les tristes débris de nations