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304 l'insouciante naïveté du sage qui sait apprécier là valeur des biens de ce monde, un lazzi sur sa pauvreté, s'écriant avec le poète qu'il défie la fortune sinon de le faire perdre du moins de le faire payer. J'ajoute qu'il eut à faire à des honnêtes gens qui loin d'abuser de sa confiance lui en furent reconnaissants. M. Grognier avait peu de penchant pour les sciences méta- physiqnes et en général pour tout ce qui n'était que théories spéculatives. La diversité des systèmes qui, dans l'espace de trois mille ans, se sont succédés en philosophie, sans qu'il en soit résulté aucun bien pour l'humanité, l'avaient convaincu qu'il était non seulement inutile mais encore dangereux de s'occuper de métaphysique. Avec une entière confiance il s'en est toujours rapporté à la philosophie catholique dont l'origine divine, le développement gradué et continu par les ministres de l'ancien et du nouveau testament offraient à son ame con- fiante des consolations sûres et à son esprit incapable de doute la certitude incontestable d'une vérité révélée. Il n'a jamais cessé de croire à la cosmogonie de Moïse, à la persistance des espèces, sorties dans le principe des mains de l'auteur de toutes choses. » Il a loujonrs vu avec peine des naturalistes lém éraire s opposer à une tradition sacrée les cataclysmes qui ont enseveli dans les entrailles du globe les générations qui nous ont p r é - cédé. Il considérait les animaux domesliques comme un présent que l'homme, lors de sa création, avait reçu des mains de l'éternel, et les végétaux destinés à notre nourriture comme semés dès le principe autour du berceau du genre humain par une main divine. « Du sein de la philosophie perverse et délirante du dix-huitième siècle, s'écrie-t-il, se sont exhalés des systèmes impies sur l'origine des choses et la formation de l'homme Oh! laissons l'esprit de sophisme nous représenter les sauvages comme des peuples nouveaux sortant des mains de la nature et marchant à la civilisation par la voie de je ne sais quel per- fectibilité sans bornes ouverte à l'espèce humaine ; nous voyons dans ces mortels misérables que les tristes débris de nations