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Tandis qu'en chaque main la coupe d'or se vide,
Qu'au loin de voluptés on s'enivre en riant,
Que le bal fait frémir sous son galop rapide
Les salons lambrissés; eux, sur la pierre humide,
     Toute la nuit restent priant.

Ah ! comment t'oublier, solitude sublime,
Que gardent en grondant tous les torrents du ciel,
Où les sapins en deuil, sur le bord de l'abîme,
Penchent leurs troncs puissants dont la funèbre cime
     Plonge en un orage éternel !

Comment vous oublier, ô vous, mes divins frères,
Vous qui pour tous avez le même accueil touchant ;
Pour tous, même regard; pour tous, mêmes prières;
Pour tous, chrétiens ou non, pleins d'or ou do misères,
    Riche ou pauvre, bon ou méchant !




Saint Bruno, quan! un jour, tu vins seul, en silence,
Ici t'ensevelir avec amour et foi,
Tu dus mourir heureux, si tu pus voir d'avance
Tes nombreux fils suivant tes traces de souffrances
      Pour gagner le ciel après toi.

Oh! ton rêve fut beau, lorsque surgit de terre
Près de ta hutte en bois l'édifice géant,
Palais de marbre fait pour braver le tonnerre,
Que la foi change en tombe, où seule elle s'enterr*
     Et médite sur le néant.