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232 pûmes ensuite marcher jusqu'à Consfantine sans qu'ils songeassent à nous inquiéter. Cette bataille était donc de nature à avoir du retentisse- ment, et à être rapportée dans un bulletin officiel, pour en donner les détails et faire connaître à la France entière l'honneur qui en réjaillissait sur nos armes. Cette publicité était la première et la plus flatteuse récompense due à ceux qui avaient remporté la victoire ! Il n'en fut pourtant dit qu'un mot, comme d'un combat accessoire et secondaire!... ce qui est regrettable, sans doute, quand on voit des affaires moins sérieuses, des succès moins décisifs obtenir les hon- neurs d'une apologie qui n'est pas toujours exempte d'exagération. Il ne m'appartient pas de rechercher les causes de ce silence presque absolu sur une affaire aussi importante, et encore moins de blâmer les changements qui furent opérés ensuite dans l'organisation intérieure de l'armée expéditionnaire. Mais on n'est pas moins forcé de dire qu'après le retour au camp des généraux en chef, Malé- chard, qui venait d'être porté sur le pavois, descendit subitement de la belle position qu'il s'était acquise ; qu'il perdit même l'emploi de commandant supérieur de l'artillerie, avec lequel il avait été en- voyé en Afrique ; et que le concert d'éloges dont il venait d'être en- touré, cessa tout-à -coup de se faire entendre!... Quoiqu'une fut pas dans son caractère de conserver long-temps le souvenir do ce qu'on est convenu de nommer l'injustice des hommes, la blessure qu'ii reçut en cette circonstances fut cruelle, et lui fit au cœur une pro- fonde impression ! Les divers séjours que, depuis son départ de France, Maléchard avait fait sur plusieurs points de l'Afrique, avaient été beaucoup plus longs que ne semblaient l'exiger les missions qui lui étaient confiées. Mais les retards nombreux ou fréquents des objets de matériel et des employés qu'il devait y trouver, le forcèrent souvent à rester malgré ui dans tel ou tel lieu, et à s'occuper d'affaires militaires qui n'étaient pas précisément do son ressort. Plus d'une fois il eut le regret de voir que des troupes annoncées n'arrivaient point ou arrivaient tardivement, et que l'on n'était pas suffisamment approvisionné en subsistances ; il remarqua surtout, dans l'administration des vivres, qu'en campagne, les moyens ne