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231 à leurs morts, comme à leurs blessés, les soins qui leur étaient dus, ils ont repris la route de leurs montagnes ; et le 25, on n'en apercevait plus aucun, même sur les points les plus éloignés. Telle a été l'affaire de M'jez-Ammar, où nous avons eu à combattre des troupes sous les ordres immédiats du boy, auxquelles était ad- jointe sa propre garde, ainsi qu'un grand nombre de Kabaïles de Bougie, et dont les forces dépassaient de beaucoup les nôtres. Nous avons eu en batterie jusqu'à quinze pièces, qui ont tiré trois cent soixante et dix coups, et l'infanterie a brûlé vingt-deux mille quatre cents cartouches. Jamais peut-être les Arabes n'avaient déployé autant de courage, de vigueur et de persévérance ; on se battait à portée de fusil ; des Kabaïles ont même été tués jusques sur nos retranchements ; et les choses allèrent au point que, le 23, notre position ne laissa pas d'être un moment inquiétante ; mais une manœuvre habile, proposée par Maléchard et adoptée par le général Rhulières, dégagea heureusement notre armée compromise. Il fallut toute notre supériorité dans l'art de la guerre, toute la valeur de nos soldats et surtout la conscience du sort affreux qui les attendait s'ils étaient vaincus, pour triom- pher, avec autant de bonheur d'ennemis aussi nombreux et aussi acharnés. Durant ces trois journées, chacun, sans contredit, paya largement son tribut de bravoure et de dévoûment ; mais celui qui se signala de la manière la plus brillante, fut incontestablement le chef-d'escadron Maléchard. Il n'y eut, à cet égard, qu'une seule voix dans tout le camp, le général Rhulières s'est plu lui-même à rendre le plus hono- rable témoignage du talent, de la capacité et de la prudente énergie que cet officier déploya dans l'action, Il a même déclaré que ce fut à ses savantes dispositions que l'on dût la victoire, La favorable issue de cette affaire eut pour résultat, non seulement •la conservation du petit corps d'armée qui gardait le camp de M'jez- Ammar, mais celui, peut-être plus important encore, de l'influence morale exercée sur les Arabes ; et l'on sait combien ces peuples su- perstitieux se laissent facilement conduire par de telles influences. L'inutilité des efforts inouis qu'ils venaient de faire, les pertes qu'ils avaient essuyés, les frappèrent d'une terreur si grande, que nous