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226 remplissait si bien; et celui-ci n'eut, de son côté, qu'à suivre les ins- pirations du général. SECONDE PARTIE. Le camp de M'jez-Ammar devait renfermer les divers états-majors, les troupes de toutes armes, les parcs de l'artillerie , du génie et des trains dos équipages , les ambulances et la manutention dos vivres. Il fut enceint d'une ligne de fortifications passagères et armé de pièces de campagne ; plusieurs ponts furent jetés sur la Seybouse, et un ou- vrage à cornes construit du côté de sa rive droite servit de tête de pont (1). (1) Une relation de l'expédition de Constantine, écrite par M. le docteur Baudens, qui en a fait partie en qualité de médecin de Mgr le duc de Nemours, et publiée dans la Revue de Paris, renferme une description trop remarquable du camp de M'jez-Ammar pour que l'on ne nous sache pas gré de l'avoir r e - produite : « Nous découvrîmes , cette année , une plaine rase , au milieu de laquelle « s'élevait une véritable place de g u e r r e , avec ses r e m p a r t s , ses fossés , ses « ponts , ses canons et son arsenal. En dehors des fortifications, toute la gar- « nison sous les a r m e s , musique en t ê t e , attendait l'arrivée du p r i n c e , qui « devait la passer en revue. Les rues de ce camp , alignées au cordeau, étaient « bordées d'élégantes maisons en feuillage , destinées aux soldats; celles des « chefs ne se distinguaient que par des proportions plus grandes. Chaque « régiment occupait un q u a r t i e r , à l'entrée duquel on lisait son numéro. Un « ordre admirable, une propreté extrême régnaient dans l'intérieur de cette « ville improvisée et vraiment féerique. Rien n'y manquait : spectacle , café , « grands établissements pour les administrations des vivres et des hôpitaux , « voire même un superbe palais bâti en feuillage, sur des dimensions vrai- ci ment grandioses, et dignes de loger un roi. Ce palais était destiné au « prince qui l'habita pendant son séjour à M'jez-Ammar. La vie et le mouve- « ment de ce camp , l'ardeur martiale de notre belle armée d'Afrique, l'aspect « d'une ville européenne jetée tout d'un coup au cœur de ces plaines désertes, « le bruit du canon , répété mille fois par l'écho des montagnes, des airs « guerriers auxquels le Kabaïle était seul insensible , une fête solennelle , qui, « pour b e a u c o u p , ne devait pas avoir de lendemain : tout cela portait à l'ame « des émotions d'un charme infini, qu'il faut renoncer à dépeindre. »