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 brise la poussant plus vite, la fit entièrement disparaître.
 C'était un navire cheminant vers le sud et dont les passa-
 gers ni l'équipage ne devinaient les angoisses qu'ils avaient
 causées à un millier de malheureux.
    Un soir, les bannis tristes et pensifs étaient groupés ça
 et là dans leur camp, le ciel revêtait \ine couleur sombre et
 lugubre; des raffales, de plus en plus violentes, ébranlaient
les habitations : une tempête s'annonçait. On s'empresse
 de prendre les précautions qu'on juge utiles et chacun se
 retire sous son toit. Tont-à-coup un bruit épouvantable
 retentit : le vent rugit avec une indicible fureur, la mer
 eulevée de son lit, s'élance avec fracas contre les retran-
 chements du camp. Des éclairs, jettantàtravers les ténèbres
 épaisses, leur lumière rapide, éblouissante, laissent voir les
 flots envahissant de toutes parts l'enceinte habitée. Bientôt,
l'île entière disparaît sous quatre pieds d'une onde écuman-
 te. Apeiue peut-on entendre les cris de désespoir qui partent
 vainement de plusieurs côtés. Enfin le jour que chacun a
 appelé taut de fois se décide à reparaître. Tout est des-
truction, chaos. Les flots de la mer roulent débris sur
 débris : en plusieurs endroits on remarque des groupes de
colons enlacés les uns aux autres et n'ayant plus d'autre
appui qu'un poteau chancelant : la rapidité des courants
empêche qu'on puisse se porter réciproquement secours et
la tempête ne perd rien de sa fureur. Au milieu du jour,,
les vagues bondissantes battent en brèche une habitation
oii se trouvent réunis les malades. Quelques minutes encore
 et ces infortunés vont périr ! à ce funeste spectacle, le
dévoûment fait taire la crainte; les plus robustes des exilés
s'élancent à travers l'onde et emportent leurs frères en un
lieu plus sûr!.... Pendant deux jours entiers, cet état
 d'angoisses se maintint. A la troisième journée, le vent