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182 brise la poussant plus vite, la fit entièrement disparaître. C'était un navire cheminant vers le sud et dont les passa- gers ni l'équipage ne devinaient les angoisses qu'ils avaient causées à un millier de malheureux. Un soir, les bannis tristes et pensifs étaient groupés ça et là dans leur camp, le ciel revêtait \ine couleur sombre et lugubre; des raffales, de plus en plus violentes, ébranlaient les habitations : une tempête s'annonçait. On s'empresse de prendre les précautions qu'on juge utiles et chacun se retire sous son toit. Tont-à -coup un bruit épouvantable retentit : le vent rugit avec une indicible fureur, la mer eulevée de son lit, s'élance avec fracas contre les retran- chements du camp. Des éclairs, jettantà travers les ténèbres épaisses, leur lumière rapide, éblouissante, laissent voir les flots envahissant de toutes parts l'enceinte habitée. Bientôt, l'île entière disparaît sous quatre pieds d'une onde écuman- te. Apeiue peut-on entendre les cris de désespoir qui partent vainement de plusieurs côtés. Enfin le jour que chacun a appelé taut de fois se décide à reparaître. Tout est des- truction, chaos. Les flots de la mer roulent débris sur débris : en plusieurs endroits on remarque des groupes de colons enlacés les uns aux autres et n'ayant plus d'autre appui qu'un poteau chancelant : la rapidité des courants empêche qu'on puisse se porter réciproquement secours et la tempête ne perd rien de sa fureur. Au milieu du jour,, les vagues bondissantes battent en brèche une habitation oii se trouvent réunis les malades. Quelques minutes encore et ces infortunés vont périr ! à ce funeste spectacle, le dévoûment fait taire la crainte; les plus robustes des exilés s'élancent à travers l'onde et emportent leurs frères en un lieu plus sûr!.... Pendant deux jours entiers, cet état d'angoisses se maintint. A la troisième journée, le vent