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123 lot, et Charles cinquième le troquerait encore contre toutes ses terres d'Espagne et d'Italie.» Alors c'était la tristesse, aujourd'hui c'est la joie. — Oui, Père, nous nous rappelons tout cela. Nous est aussi souvenir qu'elle nous garda par devers elle pour lui réciter des vers et copier des dépêches. — Quel changement à l'heure d'aujourd'hui ! N'oublierai-je jamais que la Rubayne de St-Marc m'a ravi fortune, santé, et qu'elle a réduit à la misère les filles d'Imbert Gimbre, nucien maître en épicerie, ancien conseiller de la ville de Lyon. — Et n'en sommes pas désolées vraiment, puisqu'elle vous a laissé au milieu de nous. — Pour vous être à charge, hélas! car les révoltés, non contens de dépouiller les filles, ont encore brisé le corps du père. Mais le roi est bon et il nous soulagera. Tandis que ses fils étaient captifs en Espagne, j'ai dû garder le silence en bon et fidèle sujet. Pouvais-je faire autrement, quand je sentais qu'il aurait été en droit de me dire : « Moi aussi, j'ai des enfants dans le malheur ? » Aujourd'hui je lui parlerai sans crainte. « Sire, lui écrirai-je, j'ai deux enfants sans fortune, mon commerce les avait enrichies, vos ennemis les ont ruinées et leur père a perdu sa santé à votre service. « — Pour nous, père, ne craignons rien. Nous avons subi l'épreuve du malheur et nous avons été plus fortes que lui. Mais voici que l'heure des processions s'avance et vous savez qu'il y a loin d'ici au pont de Saône. » Et bientôt tons les trois s'acheminèrent vers le pont de Pierre, recevant sur leur passage de nombreuses marques de respect. Car, outre l'intérêt qui s'attachait à leur nom, les deux filles d'Imbert Gimbre étaient renommées pour leurs grâces et leur esprit. Chacune d'elle était Une bonne et belle damoiselle, Belle de corps, de haut port et maintien