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sœurs , qu'elles avaient passé la plus grande partie de la nuit
à travailler. L'ameublement de cette demeure offrait un
singulier contraste de misère et de richesse. A côte de quel-
ques effets de luxe, on en voyait d'autres qui annonçaient
une grande pauvreté. Un grossier tabouret près d'un prie-
Dieu délicatement sculpté, un lit à colonnade avec des rideaux
en damas tombant en lambeaux, deux plats d'argent brillaient
à travers quelques plats de lerre, des débris de meubles
cachant la muraille nue, tels étaient les objets qui décoraient
l'humble habitation de l'ancien échevin, conseiller de la
ville, maître Imbert Gimbre ; car le vieillard qui dormait,
c'était lui : les damoiselles assises près de son lit étaient ses
deux filles.
    — Dieu vous soit en aide, dit en se réveillant Imbert
 Gimbre; et ses deux filles se levèrent pour l'embrasser.
    — Père, avez-vous entendu les cloches des confrairies
 et la grosse cloche de St-Iean qui annonçaient le troisième
jour de la fête ?
    — INon , mes enfants, en dormant je pensais à v o u s ,
et rien ne me tient plus au cœur. J'ai r ê v é , et le ciel
m'a donné avis, que votre malheur aurait bientôt un terme.
    — Père, voici la Bible pour la lecture du matin.
    — Sera pour demain. Aujourd'hui nous prierons devant
l'autel de la vierge à St-Iean. Le soleil est beau, la fête sera
belle. Si, malgré l'arrêté de l'échevinage, notre misère nous
a fait travailler jusqu'à présent, nous y assisterons du moins
aujourd'hui. La santé m'est revenue et me semble que le
retour des enfants du roi m'a rendu mes forces. Yous rappelez-
vous, quand le prévôt des marchands me manda d'annoncer
à la reine-mère en son hôtel à St-Iustla perle de la bataille
de Pavie avec la prise du roi, comme elle fondit en larmes
jusqu'à ce qu'ayant ouvert la lettre du roi son fils, elle y
lut ces mots que tout était perdu fors l'honneur et qu'elle
ajouta en s'adressanl à moi : « JNous resle l'honneur et
noire royaume de France ; par le ciel, c'est un assez beau.         (