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67 liment seul le détermina et lui fit épouser, au milieu de l'an- née suivante (1706), Marguerite Chavigni ou Chavagnieu(l), dont la naissance ni la fortune n'avaient rien d'extraordinaire , mais qui unissait la délicatesse de l'esprit aux agréments de la figure. Cet hymen , célébré sous les plus heureux hospices , p r o - mettait à Brossette un riant a v e n i r ; l'expérience ne le détrompa p o i n t , et il jouissait, à cet égard, d'une félicité par- faite, lorsque la mort lui enleva cette épouse qui lui était si c h è r e , et q u i , par une infinité de titres, méritait toute sa tendresse. Elle mourut au mois d'avril 1716, dans sa trentième a n n é e , et il n'y avait pas encore dix ans qu'ils étaient en- semble. Brossette annonçait la triste nouvelle à Rousseau, et disait, en lui empruntant ses vers .- Elle n'est plus, ô ciel ! ses vertus, son courage , Sa beauté, son esprit, sa piété, sa foi, N'ont pu la garantir, au milieu de son âge , De la commune loi (2). Sa douleur engagea Brossette à faire tirer du cerveau de son épouse chérie la glande qu'on appelle pinéale, et à la porter à son doigt dans le chaton d'une bague d'or. Brossette cependant travaillait depuis plusieurs années à son commentaire sur les œuvres de Despréaux ; cet o u v r a g e , retardé par le chagrin que lui causa la mort de Boileau (1711), ne fut publié qu'en 1716; Genève, Fabri et Barillot, 2 vol. in-4, et 4 vol. in-12 , sous ce titre : Œuvres de Boileau Des- préaux, avec des éclaircissements historiques donnés par lui- même (3). (1) Brossette eu eut deux fils et deux filles. L'un des fils fut marié à jjlie Pestalozzi, sœur du célèbre médecin de ce nom; l'une des filles épousa M. Robert de la Bâtie. (2) Lettres de Rousseau, etc., 1.1, pari, H, p. 78. (5) Voyez le Journal des Savants, 1717, p. 120—127.