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57 dans la nouvelle édition que vous projetez des ouvrages de ce grand homme. Vous le lui devez, et vous le devez à vous- même, comme une nouvelle autorité au jugement que vous avez porté de cet excellent poète. » Le 15 août llbO* Brossette consulte encore sur ses vers J.-B. Rousseau, et eelui-ci confirme ce qu'il en avait écrit dix ans auparavant. Nous insérons ici ces vers, moins à cause des éloges que Rous- seau leur donne par politesse, que parce qu'ils prouvent les rapports de confiance qui existaient entre Despréaux et son commentateur, lorsque celui-ci séjournait à Paris; rien ne nous semble les constater aussi bien : Souviens-toi qu'en mon cœur tes écrits firent naître L'ambitieux désir de voir et de connaître L'arbitre, le censeur du Parnasse français, Le digne historien du plus grand de nos rois. Je te vis, je l'aimai ; mon heureuse jeunesse , Boileau, ne déplut point à ta sage vieillesse. Tu souffris que j'allasse écouter tes leçons; Tu daignas m'enrichir de tes doctes moissons , Tu m'instruisis à fond de tes divins ouvrages. Tu fis plus; secondant ma curieuse ardeur. Tu commis à ma foi les secrets de ton cœur. Souvent tu m'entretins de tes mœurs , de ta vie », Des puissants ennemis que t'opposa l'envie , Des honneurs éclatants où tu fus appelé : Tes chagrins, tes plaisirs, tout me fut révélé. Mon esprit, enchanté de toutes ces merveilles, Occupait tout entier mes avides oreilles; Et dans les traits naïfs de ce vivant tableau, Je vis à découvert l'ame du grand Boileau. Mais dans quelque haut rang que ta muse te mette , Je vis l'homme d'honneur au-dessus du poète. 0 toi qui peux transmettre à la postérité Des vers marqués au coin de l'immortalité ; Toi qui, dans tes écrits chantés sur le Parnasse , Es moins l'imitateur que le rival d'Horace ;