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          Ut Lugdunensem rhelor dicturus ad aram ( t ) .

  « Je suis bien aise que mon tableau y excite la curiosité de
tant d'honnêtes gens, et je vois bien qu'il reste encore chez
vous beaucoup de cet ancien esprit qui y faisait haïr les mé-
chants auteurs, jusqu'à les punir du dernier supplice. C'est
vraisemblablement ce qui a donné de moi une idée si avanta-
geuse. L'épigramme qu'on a faite pour mettre au bas de ce ta-
bleau eslfort jolie. Je doute que mon portrait donnât un signe
de vie, dès qu'on lui présenterait un sot ouvrage, et l'hyper-
bole est un peu forte. Ne serait-il point mieux de mettre,
suivant ce qui est représenté dans cette peinture :
                Ne cherchez point comment s'appelle
                L'écrivain peint dans ce tableau.
          A l'air dont il regarde et montre la Pucelle,
                Qui ne reconnaîtrait Boileau ? »

   Le 15 mai 1699, Brossette répondait à cette lettre :
   «       L'épigramme que vous m'avez envoyée            est telle
que je la pouvais souhaiter. J'en ai fait un bon usage, car
je l'ai fait écrire en lettres d'or sur un cartouche ménagé
dans les ornements de sculpture qui sont au haut du cadre, et
j'ai fait écrire^ au cartouche d'en bas ces six vers de votre Epi-
tre X, accommodés au sujet :
         Tu peux voir dans ces traits qu'au fond cet homme horrible ,
         Ce censeur qu'on a cru si noir et si terrible ,
         Fut un esprit doux, simple, ami de l'équité;
         Qui, cherchant dans ses vers la seule vérité,
         Fit, sans être malin, ses plus grandes malices,
               Et sa candeur fit tous ses vices (2). »

 A cette époque , l'Académie de Lyon commençait à se for-
mer, et Brossette fut pour beaucoup dans son rapide accrois-

    (1) Juven. su. i, 44.
    (2) Œuvres de Boileau Despréaux, édit. de M. de Saint-Surin; Paris, 182t,
t. iv, p. 310—324.